Kong Xiaoxin, son harnais déjà maculé de sang, et dissimulé sous un habit traditionnel blanc comme dans la Chine ancienne, attend suspendu à 3 mètres au-dessus du sol. La fausse hémoglobine lui coule des lèvres. Il joue le rôle d’un méchant qui a giflé l’amoureuse du héros. La vengeance de ce dernier s’annonce évidemment terrible. Il va utiliser ses pouvoirs fantastiques pour projeter son ennemi dans les airs et lui donner la mort. Un gros ventilateur industriel produira le vent du châtiment.
L’assistant réalisateur demande qu’on hisse le jeune homme un peu plus haut encore et rappelle aux figurants qu’ils devront se couvrir, reculer et baisser le regard, comme accablés, eux aussi, par le souffle héroïque, tandis que Kong Xiaoxin simulera une mort soudaine et violente au-dessus de l’équipe de tournage concentrée. Derrière sa chaise, le réalisateur est focalisé sur les écrans de retour des caméras qui filment en format vertical, adapté aux écrans de smartphones. « Action ! », la scène ne dure qu’une poignée de secondes.
Le soir commence à tomber sur les studios de Hengdian, dans l’est de la Chine, où l’on trouve tous les décors des films et séries, du faux Shanghaï de l’ère des concessions étrangères aux différents types de palais des dynasties chinoises, et même une reconstitution de la Cité interdite. Le réalisateur semble satisfait, les assistants libèrent aussitôt l’acteur qui va s’asseoir pour fumer une cigarette. Lui a fini sa journée, puisque le scénario en a voulu ainsi, mais, pour le reste de l’équipe, la soirée n’est pas terminée.