Un match brièvement interrompu, une indignation collective et l’ouverture d’une enquête. Le premier match de la saison 2025-2026, opposant dans la soirée du vendredi 15 août Liverpool à Bournemouth, a été perturbé par des insultes racistes « provenant du public » du stade d’Anfield « visant Antoine Semenyo », attaquant des Cherries, rappelle la Premier League, l’instance régissant le championnat anglais de football, dans un communiqué sur X.

A la 28e minute de la rencontre, alors que les Reds menaient 2-0, l’arbitre Anthony Taylor a arrêté le jeu « temporairement », après avoir été interpellé par l’international ghanéen lui-même. « La décision est conforme au protocole anti-discrimination sur le terrain », précise la Premier League dans son texte. Des investigations « approfondies » vont désormais être menées, poursuit-elle. Un homme en fauteuil roulant a été escorté hors de l’enceinte par trois policiers, lors de la mi-temps, rapporte le quotidien britannique The Guardian.

« Nous apportons tout notre soutien au joueur et aux deux clubs. Le racisme n’a pas sa place dans notre sport, ni dans la société », insiste l’instance dans son communiqué. Une condamnation partagée par Liverpool. L’incident « fait l’objet d’une enquête policière, que nous soutiendrons pleinement », ajoute le club de la Mersey, dans un court texte.

En seconde période, Antoine Semenyo a inscrit un doublé pour Bournemouth, ce qui n’a pas évité la défaite des siens face aux champions en titre (4-2). Mais son équipe lui a adressé un message de soutien sur ses réseaux sociaux : « Un grand joueur, mais surtout un grand homme. Seul un caractère bien trempé peut faire preuve d’une telle résilience en pareilles circonstances. Nous t’aimons et sommes tous avec toi. »

Le coach des Reds, Arne Slot, est quant à lui venu voir l’attaquant au coup de sifflet final pour lui témoigner son soutien. « C’est inacceptable dans n’importe quel stade, et surtout à Anfield, a déclaré le Néerlandais après la rencontre en conférence de presse. Cela ne devrait pas arriver, mais malheureusement, nous devons en parler. Il devrait être question de Diogo [Jota, joueur de Liverpool mort dans un accident de la route début juillet] et de la manière dont on lui a rendu hommage. J’ai parlé à Antoine après le match et je lui ai dit que le club ferait tout son possible pour trouver le responsable. (…) C’est inacceptable. »

« C’est une honte que lors du premier match de la saison de Premier League, alors que les deux équipes ont livré une très belle prestation, nous devions parler d’un sujet [le racisme] censé appartenir au passé, mais qui est tristement toujours d’actualité », a abondé l’entraîneur de Bournemouth, l’Espagnol Andoni Iraola, insistant sur le fait que son joueur a été très affecté par cet événement. « Cela reste un gros problème. Antoine est resté calme dans le feu de l’action. Nous lui avons demandé s’il pouvait continuer et il était serein, mais il se demande pourquoi ce genre de choses se produisent encore aujourd’hui. »

Le 13 août, après la défaite en Supercoupe d’Europe face au Paris Saint-Germain, l’attaquant français de Tottenham, Mathys Tel, a lui aussi été visé par des commentaires racistes sur les réseaux sociaux. La cause : son penalty manqué lors de la séance de tirs au but. « Ceux qui l’insultent ne sont que des lâches, se cachant derrière des pseudonymes et des profils anonymes pour exprimer leurs opinions odieuses », avait immédiatement réagi son club sur X, ajoutant : « Nous travaillerons avec les autorités et les plateformes de réseaux sociaux pour prendre les mesures les plus sévères possibles à l’encontre de toute personne que nous pourrons identifier. »

Le 5 août, l’association anti-discrimination britannique Kick it Out soulignait que les cas d’abus dans le milieu du football restaient « très élevés ». « Les données compilées de rapports provenant du monde professionnel, amateur et des réseaux sociaux, montrent une augmentation du sexisme, de la transphobie et des injures basées sur la religion, parallèlement à des niveaux toujours élevés de racisme, qui reste la forme de discrimination la plus signalée », précisait-elle alors.