Israël a visé, mardi 9 septembre, des responsables du Hamas dans des frappes à Doha, qui ont fait six morts. Le mouvement islamiste palestinien a assuré que ses négociateurs, ciblés par l’Etat hébreu, avaient survécu.
Les Etats-Unis, alliés à la fois du Qatar et d’Israël, ont critiqué l’attaque israélienne, le président Trump exprimant sa contrariété. « Je ne suis pas ravi », « je suis très mécontent », a déclaré le président américain, interrogé sur les frappes à Doha par des journalistes mardi soir. Il a affirmé qu’Israël n’avait pas prévenu les Etats-Unis à l’avance, même si son administration a été avertie « par l’armée américaine », selon la Maison Blanche.
Le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d’une trêve à Gaza, a démenti avoir été prévenu à l’avance par les Etats-Unis. Plusieurs pays arabes, la Turquie, l’Union européenne, et plusieurs Etats européens, dont la France, ont condamné les frappes israéliennes à Doha, la Commission européenne dénonçant un acte qui « viole le droit international ».
L’émirat « se réserve le droit de riposter à cette attaque flagrante », a déclaré le premier ministre qatari, Cheikh Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani. « Nous pensons qu’aujourd’hui nous sommes arrivés à un moment charnière. Il doit y avoir une réponse de toute la région », a ajouté le dirigeant, assurant toutefois que son pays continuerait de jouer le rôle de médiateur dans la guerre à Gaza. Le pays du Golfe, qui abrite la plus grande base américaine de la région, accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec la bénédiction des Etats-Unis.
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du mouvement dans le territoire palestinien, en Iran et au Liban.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a déclaré avoir ordonné les frappes après un attentat, revendiqué par le Hamas, qui a fait six morts, lundi, à Jérusalem-Est. M. Nétanyahou « a donné instruction à toutes les agences de sécurité de se préparer à la possibilité de cibler les dirigeants du Hamas. Aujourd’hui, en raison d’une opportunité opérationnelle (…) lui et le ministre de la défense ont décidé de mettre en œuvre la directive », a précisé son bureau dans un communiqué. « L’armée et le service de sécurité intérieure ont mené une frappe ciblée contre les membres de la direction de l’organisation terroriste Hamas », selon un communiqué militaire.
Un responsable du Hamas ayant requis l’anonymat a dit que l’attaque avait « ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président Trump pour un cessez-le-feu à Gaza ». Le mouvement palestinien a affirmé que « l’ennemi n’avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation en charge des négociations » mais a fait état de six morts : le fils du négociateur en chef du Hamas, Khalil Al-Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu’un policier qatari.
« Le fait de prendre pour cible les négociateurs, au moment même où ils discutent de la dernière proposition de Trump, confirme que Nétanyahou et son gouvernement ne souhaitent parvenir à aucun accord et cherchent délibérément à faire échouer les efforts internationaux, sans se soucier de la vie de leurs prisonniers [les otages israéliens] », a affirmé le Hamas.
Le mouvement islamiste palestinien a réitéré ses exigences en vue d’un cessez-le-feu : « L’arrêt immédiat des agressions contre notre peuple, le retrait complet de l’armée d’occupation [israélienne] de la bande de Gaza, un véritable échange de prisonniers [otages contre prisonniers palestiniens] » et l’augmentation de l’aide humanitaire. Des demandes rejetées par Israël qui veut détruire le Hamas, le chasser de Gaza et prendre le contrôle sécuritaire de l’ensemble du territoire palestinien.
Après les frappes, M. Nétanyahou a affirmé : « Israël a accepté les principes, la proposition avancée par le président Trump pour mettre fin à la guerre, à commencer par la libération immédiate de tous nos otages. Si la proposition est acceptée [par le Hamas], la guerre peut prendre fin immédiatement. »
Donald Trump a écrit sur son réseau social que la décision de lancer une attaque au Qatar « a été prise par le premier ministre Nétanyahou, pas par [lui] », la qualifiant d’« incident regrettable ». Il avait indiqué dimanche avoir adressé un « dernier avertissement » au Hamas pour un retour des otages.
Le Forum des familles d’otages a dit son « inquiétude » pour les captifs retenus à Gaza après les frappes à Doha. D’après l’armée, 47 captifs restent retenus à Gaza dont 25 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées durant l’attaque du 7-Octobre.