La date du bain inaugural n’a plus vraiment d’importance. Cela devait être un dimanche de la fin du mois de juin. L’été qui n’arrive jamais et le débit trop important du fleuve l’ont repoussée une première fois. La dissolution et les élections l’ont décalée à juillet. Anne Hidalgo, la maire de Paris, doit désormais plonger dans la Seine après le 14 juillet, et idéalement avant vendredi 26, jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Preuve sera alors donnée que la somme de 1,4 milliard d’euros débloquée par l’Etat et les collectivités depuis 2018 a permis de rendre, un siècle après son interdiction, la Seine à nouveau baignable. Sauf météo capricieuse, les triathlètes et nageurs pourront alors concourir, début août.
Il y aura toujours des esprits grincheux pour réduire la portée de l’événement à une dépense colossale destinée à une simple compétition sportive. Ceux-là oublient la directive-cadre européenne, adoptée en 2000, qui obligeait à retrouver un bon état général des eaux à l’horizon 2015 (avec report possible à 2021, voire 2027). Avoir contraint les collectivités à corriger les mauvais branchements de milliers de logements qui déversaient leurs eaux usées dans le fleuve et à moderniser les stations d’épuration permettra par ailleurs, dès l’été 2025, de se baigner dans toute la métropole.
Trente-deux sites ont été retenus sur la Seine et la Marne. Ces plages seront autant de nouveaux espaces de loisirs que d’îlots de fraîcheur en prévision des canicules à venir. Le mouvement n’est pas limité à Paris. Mi-juin, le plongeon du maire de Charleville-Mézières dans la Meuse s’inscrivait dans cet élan de reconquête du fleuve.
Placer la Seine au cœur des JO Paris 2024 – avec des épreuves au pied de la tour Eiffel, un défilé nautique en ouverture, un village construit les pieds dans l’eau – a aussi le mérite de redonner de la place à une infrastructure majeure qui a nourri et chauffé (grâce au transport du bois) Paris, accueilli le monde lors des expositions universelles, mais dont les regards se sont détournés à mesure que le transport routier s’est imposé. Or, si la France ne renonce pas à ses objectifs de décarbonation, la Seine doit permettre d’accélérer la lutte contre le changement climatique, tout en rafraîchissant la métropole. A bien des égards, les Jeux auront servi d’accélérateur.
Une barge de 5 000 tonnes, c’est 250 camions évités sur les routes. Sachant que la Seine est « le seul fleuve européen navigable toute l’année », rappelle Stéphane Raison, le directeur des ports Haropa (Paris, Rouen, Le Havre), qu’il « pourrait y passer quatre fois plus de trafic », complète Stéphane Bousquet, l’un des directeurs de Voies navigables de France, le potentiel de développement est gigantesque. Les quatre cinquièmes du terrassement du village olympique (500 000 tonnes, 25 000 camions évités) ont été évacués par voie d’eau. Le pont de l’Ile-Saint-Denis est arrivé par barge, comme les façades, les isolants, les parpaings, mais aussi les barrières de la cérémonie d’ouverture.