Réchauffement climatique : le mois de juin a été particulièrement chaud et meurtrier

Difficile de s’en rendre compte dans la météo maussade de ce mois de juillet, en France. Si ces dernières semaines, l’Europe de l’Ouest a affiché des températures moyennes en deçà des normales de saison, au niveau mondial, les tristes records de températures n’ont subi aucune pause.

Selon les chiffres de l’observatoire européen Copernicus, publiés ce lundi 8 juillet, juin 2024 a été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré dans l’histoire, après le mois de juin 2023… Il s’agit d’ailleurs du treizième record mensuel consécutif, avec une température moyenne sur les douze derniers mois qui a dépassé les 1,64 °C par rapport à l’époque préindustrielle.

Concrètement, cela signifie qu’on se rapproche de plus en plus du seuil de 1,5 °C contenu dans l’accord de Paris (il faudrait que cette moyenne soit dépassée plusieurs années pour considérer que le climat s’est stabilisé à ce niveau). Ce qui se traduit déjà par une multiplication des événements climatiques extrêmes, comme l’ont montré des mois de mai et juin particulièrement meurtriers au niveau mondial.

En Arabie saoudite, plus de 1 300 personnes sont mortes lors du pèlerinage de La Mecque, où le thermomètre a atteint jusqu’à 51,8 °C dans la Grande Mosquée de la ville sainte de l’islam. Au Mexique, plus de 150 personnes sont mortes en raison de la canicule qui sévit depuis mars. En Inde, des dizaines de morts ont été attribuées aux terribles chaleurs de la fin du mois de mai (plus de 52° degrés à Delhi), dont 33 agents électoraux décédés le jour des élections nationales.

Même les Etats-Unis, qui subissent actuellement une vague de chaleur inédite - 48,3°C dimanche 7 juillet à Las Vegas et 53,3 °C dans la Vallée de la mort - commencent à compter leurs morts. Selon des informations du Monde, les autorités du comté de Maricopa en Arizona ont fait état de 13 décès officiellement liés à la chaleur depuis le début juin alors que 160 autres sont en cours d’enquête.

La chaleur n’est pas la seule meurtrière. Également favorisées par le réchauffement climatique, qui augmente l’humidité de l’air et donc l’intensité potentielle des pluies, des inondations monstres ont provoqué la mort de 228 personnes au Kenya, de 150 personnes au Brésil, ou encore de 28 personnes dans le sud de la Chine, pendant que le nord du pays suffoquait sous les 40 degrés. Encore début juillet, des glissements de terrain ont conduit à la mort de 14 personnes au Népal.

S’il est délicat d’attribuer un événement spécifique au réchauffement climatique, le consensus scientifique n’en est pas moins ferme : le réchauffement d’origine anthropique augmente l’intensité des pluies et des canicules, et la probabilité qu’elles se produisent. Dans certains cas, ils parviennent même à le quantifier. Selon le réseau scientifique de référence dans le domaine de la science dite de l’attribution, le World Weather Attribution (WWA), la vague de chaleur de fin mai et début juin au Mexique et aux États-Unis a par exemple été rendue 35 fois plus probable par le changement climatique.

Au-delà des morts, c’est bien de catastrophes sociales et économiques dont il est question, avec des pays pauvres souvent en première ligne. Frappés par une sécheresse inédite depuis le début de l’année, le Zimbabwe, la Zambie voisine et le Malawi ont récemment déclaré l’état de catastrophe naturelle. Avec 40% à 80% du maïs décimé, les pertes de récoltes sont considérables engendrent une malnutrition affolante.

Conséquences directes des canicules, les populations des Balkans, du Pakistan ou d’Égypte, ont également souffert d’importantes coupures d’électricité ces dernières semaines, synonymes d’arrêt des indispensables ventilateurs, climatiseurs ou réfrigérateurs. Au Brésil, l’Amazonie enregistre son pire premier semestre d’incendies depuis 20 ans et la « situation d’urgence » a été décrétée dans le Mato Grosso do Sul.

Comment la situation pourrait-elle évoluer dans les prochains mois ? Selon les scientifiques, l’arrivée prévue d’ici à la fin de l’année du phénomène climatique cyclique La Niña (le pendant d’El Niño), pourrait se traduire par un rafraîchissement des températures mondiales. Mais celles-ci dépendront en grande partie de l’évolution de la chaleur des océans, qui recouvrent 70 % de la planète, et qui restent à des niveaux historiquement élevés depuis plus d’un an.

La chaleur hors-norme à la surface de l’Atlantique nord a ainsi renforcé la puissance de Beryl, un ouragan exceptionnel qui a dévasté les Antilles début juillet, et provoqué la mort d’au moins 7 personnes. « Si ces températures records persistent, en dépit d’un développement de La Niña, 2024 pourrait être plus chaude que 2023 », estime Julien Nicolas, scientifique du C3S, « mais il est trop tôt pour le dire ».

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