Depuis le début de l’été, une femme piaffe d’impatience à Dalton, une petite ville de Géorgie, à 150 kilomètres au nord d’Atlanta. Au QG du Parti républicain du comté, un local banal situé dans une zone commerciale au bord d’un vaste parking, l’élégante septuagénaire compterait presque les jours, comme une collégienne pressée de partir en vacances…
Mais en ce mois de juillet, le grand moment approche enfin : dans quelques heures, Dianne Putnam s’envolera pour le Wisconsin, sur la rive ouest du lac Michigan. Pas pour une mise au vert, non. Plutôt pour un séjour bleu blanc rouge, couleurs qu’elle arbore immanquablement lors des réunions politiques. Parmi ses affaires minutieusement pliées dans sa valise, sans doute glissera-t-elle aussi, sur des foulards ou des gilets, des étoiles. Celles de l’Amérique qu’elle aime tant.
La Fête de l’indépendance, le 4 juillet, est pourtant déjà passée. Les instruments des fanfares ont regagné leurs étuis, les feux d’artifice se sont tus. Mais pour la présidente du Parti républicain du comté de Whitfield, la vraie grande fête patriotique, cette année, est encore à venir. Elle aura lieu à Milwaukee, ville choisie par le Grand Old Party (GOP, le Parti républicain, NDLR) pour tenir sa convention, du 15 au 18 juillet. C’est là que la droite américaine investira le seul homme décidé, aux yeux de Dianne, à sauver l’Amérique d’une irrémédiable décadence : Donald Trump.
Aux États-Unis, les conventions constituent, tous les quatre ans, de grands moments de la vie politique, hauts en couleur. L’été qui précède l’élection présidentielle, chaque parti réunit les délégués désignés lors du long processus des primaires pour entériner la candidature de leur champion, en lice pour la Maison-Blanche. Il y a des discours, des ballons, du folklore, et le sentiment que l’histoire est en marche.
Aujourd’hui retraitée, après une vie consacrée à la décoration intérieure et à son fils culturiste, Dianne a été désignée pour représenter sa circonscription à Milwaukee, au sein de la délégation de la Géorgie. Quand viendra son tour de se prononcer pour Donald Trump, aux milieux des vivats et des cotillons, elle exultera de fierté à l’idée de remettre en selle l’homme d’affaires du Queens.
Dianne est ce qu’on appelle désormais aux États-Unis une « Maga » – pour « Make America Great Again ». Le slogan de Donald Trump en 2016 est devenu un courant politique au sein du Parti républicain. Un courant, ou plutôt un torrent, un rapide, prêt à tout emporter sur son passage. Celui de la droite radicale qui adhère sans états d’âme aux thèses de l’homme à la casquette rouge de colère : « Les démocrates sont des traîtres à la patrie » ; « L’élection présidentielle de 2020 a été volée » ; « Les élites américaines sont corrompues » ; « Le 6 janvier 2021 n’était pas une tentative de coup d’État, mais un acte de défense de la Constitution », etc.
Dianne n’a même pas eu à être convaincue : elle a toute de suite eu le coup de foudre. « Dès que j’ai vu Trump apparaître en haut de l’escalier, en juin 2015, dans la Trump Tower, pour annoncer sa candidature, je me suis dit : ” Lui, ce n’est pas un politicien corrompu comme les autres.” Parce qu’il n’a pas besoin de voler ! », explique-t-elle.
Dans les locaux du parti trône un Donald Trump de carton, mais grandeur nature, dont elle n’est pas peu fière : « C’est un modèle unique : regardez, il a les pieds pris dans le marécage qu’il a promis d’assécher – celui de la corruption des élites. Nous l’attendions depuis longtemps pour remettre le pays sur les bons rails… »
Conquis, le comté de Whitfield l’est aussi : Donald Trump s’y est imposé, en 2016 comme en 2020, avec 70 % des voix. À l’entrée de Dalton, le long de l’autoroute, un grand panneau donne idée du peu de crédit que l’on réserve ici au parti de Joe Biden : « Toute langue confessera que Jésus est le Seigneur, même les démocrates. »
Pour faire bonne mesure, le mot « démocrates » est écrit en rouge, accompagné d’une fourche démoniaque… Et ce n’est pas par hasard que, au Congrès, cette terre est représentée par Marjorie Taylor Greene, la plus zélée et la plus décomplexée des élus trumpistes du pays. En 2020 et en 2022, un républicain modéré lui avait contesté, lors de primaires, l’investiture du GOP. En vain. Cette année, Marjorie Taylor Greene est seule en piste, et en roue libre : en meeting, elle a comparé Donald Trump à Jésus-Christ après sa condamnation par les jurés new-yorkais.
On aurait pourtant tort de croire que ce comté qui rêve de retrouver sa grandeur serait celui de l’Amérique en déroute, aux centres-villes désertés, aux usines abandonnées et aux rancœurs accumulées. Ici, on est épargné par le virus de la déprime qui touche les villes industrielles du nord du pays, comme Detroit ou Buffalo, là où le rêve américain s’est enlisé.
Si le nom de cette petite ville de 35 000 âmes n’a pas traversé les océans, ses produits, eux, continuent de rayonner aux quatre coins du monde. Car Dalton, comme le dit fièrement un monument à l’approche du centre, est la « capitale mondiale de la moquette ». « Disons plutôt désormais la capitale du revêtement de sol, car le secteur s’est diversifié, corrige le shérif Scott Chitwood, qui veille depuis plus de trente ans à la sécurité du comté. Quelque 70 % de la production mondiale de revêtement de sol viennent de la région de Dalton, dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres. »
À tort ou à raison, on disait, dans les années 1970, que Whitfield était le comté du pays qui comptait le plus grand nombre de millionnaires rapporté à la population. La moquette, florissante dans ce coin de Géorgie grâce à l’ingéniosité d’une native de Dalton, au début du XXe siècle, connaissait son âge d’or, alimenté par un besoin mondial croissant de confort intérieur. Une foule de petites affaires prospères vivaient ici de belles heures. « C’était un secteur riche alimenté par de nombreux petits entrepreneurs, comme mon père, qui avait deux machines et huit employés », se souvient Randy Patton, aujourd’hui historien à l’université Kennesaw, à côté d’Atlanta, et auteur d’un livre sur l’histoire de l’industrie.
Depuis, la ville a un peu perdu de sa superbe, c’est vrai. L’industrie, qui s’est concentrée autour de géants comme Mohawk et Shaw, a dû faire face à la concurrence étrangère et n’a été sauvée que grâce à l’arrivée de migrants mexicains à partir des années 1990. « Soit on faisait venir la main-d’œuvre, soit les usines partaient là où elle se trouvait », résume Randy Patton. Ailleurs dans le Sud, la production textile s’en est allée depuis longtemps vers des cieux lointains, et là où autrefois s’épanouissait le coton ne poussent plus que les herbes folles craquelant le sol des usines désaffectées.
Pas à Dalton. Grâce au renfort des familles mexicaines – avec l’engagement des autorités locales, qui ont, par exemple, formé rapidement des enseignants à l’espagnol –, l’industrie a survécu au manque de bras – les enfants de Dalton, de moins en moins nombreux, préférant la fac des grandes villes aux machines de la petite – puis à la terrible crise des subprimes de 2008-2009, quand personne ne songeait plus à changer la moquette épaisse de son living-room…
La ville a su rebondir, s’est diversifiée, jusqu’à la création d’un centre de production de panneaux solaires. Il y a peu, un bar branché a même ouvert ses portes dans le petit centre, ainsi qu’un hôtel-boutique, deux ou trois rues plus loin. Et on peut toujours croiser, sur Hamilton Street, des Corvette ou des BMW de sport bleu turquoise. Comme à la grande époque.
En revanche, dès que l’on sort de Dalton et qu’on s’enfonce dans les profondeurs du comté, c’est une autre réalité qui apparaît. Celle des Appalaches, vieille chaîne de montagnes peuplée de descendants de migrants austères venus d’Écosse ou d’Angleterre, réputés ne pas aimer qu’on se mêle de leurs affaires. Une terre enclavée, longtemps restée à l’écart du reste des États-Unis.
Elle a connu son heure de gloire, douteuse, dans les années 1970, quand le cinéaste John Boorman est venu tourner Délivrance. Le film mettait aux prises quatre citadins d’Atlanta venus goûter aux frissons de la nature sauvage, au son de l’inquiétant banjo d’habitants de la région pas particulièrement accueillants… Depuis, les lieux semblent avoir peu changé. La seule attraction faite de mains d’hommes dans la région, c’est une station-service qui aligne 140 pompes à essence le long de l’autoroute.
Dans ces rudes campagnes, les dollars sont rares. On les compte. Comme au barber shop de Tunnel Hill, où se retrouvent des retraités de l’industrie de la moquette. Claude, Spencer, Lucie, Ed… Tous baptistes, tous pauvres et tous admirateurs de Donald Trump. Au mur, des pancartes portant le nom de l’ex-président font office de décoration. « Il fait ce qu’il dit, il dit ce qu’il pense, et puis c’est un chrétien », résume Spencer.
Lui vient tous les matins. Non pas pour passer sous les ciseaux de Claude, 79 ans, 11 dollars la coupe, mais pour prendre un café, partager un bout de gâteau apporté par une cliente. Avec l’église baptiste, le barber shop, c’est le seul lieu où socialiser, et pour pas cher, dans cette campagne. Les retraités y font des affaires aussi autour d’une vieille table, mais à hauteur de quelques dollars : on échange de vieux couteaux, des briquets d’un autre temps, du petit électroménager qui peut encore servir. Aujourd’hui, Ed attend une dame qui lui a promis un vieux transistor. « Pour quoi faire ? Je ne sais pas, je l’échangerai contre quelque chose d’autre… », répond-il avec un clin d’œil.
Spencer, 72 ans, sait très exactement ce qu’il dépense chaque semaine, chaque mois, combien part dans le réservoir de sa voiture, combien il dépense quand il fait ses courses. Il se souvient du temps béni de l’adolescence, quand on pouvait s’acheter vingt hamburgers, si on voulait, avec les deux dollars gagnés en bossant à l’épicerie du coin – « Pas vrai, Ed ? » Spencer sait aussi combien il économise en n’achetant pas le Daily Citizen, le journal moribond, mais cher, de Dalton : deux dollars par jour, pour quelques articles sans grand intérêt sur l’équipe de basket du lycée. Alors Spencer se contente de Fox News, ou des fake news de l’Amérique Maga, répétées et amplifiées tous les matins entre les murs du barber shop de Tunnel Hill.
À Dalton, Dianne, elle, a abandonné Fox News, coupable d’avoir annoncé avant même ses concurrents la victoire de Joe Biden en 2020. « Quelle victoire ?, demande-t-elle. Vous avez vu” 2 000 mules” sur Internet ? C’est un documentaire qui démontre le vol de l’élection. » Dans l’univers Maga de Dalton, tout le monde semble avoir vu ce film. Et peu importe que la justice ait donné tort à Donald Trump, lors des multiples procès intentés par ses avocats dans différents États du pays, à commencer par la Géorgie.
« Corruption, corruption… », marmonne Dianne en sortant son téléphone portable. Adieu Fox News… Elle ne s’informe plus que sur les sites et les applications de l’extrême droite américaine, où officient les ténors de l’Amérique trumpiste, inquiétants comme Steve Bannon, ancien conseiller du président républicain, ou grotesques comme Mike Lindell, un homme d’affaires, ex-empereur de l’oreiller en plumes, désormais roi du complot.
Car Dianne et ses compagnons de lutte Maga n’ont plus la moindre confiance dans les piliers qui ont fait l’Amérique aux siècles passés. Ils se défient autant de la presse que de la justice et de toute autre institution… Et même de Mary Hammontree, qui, pendant dix ans, a pourtant supervisé sans anicroche le déroulement des élections dans le comté de Whitfield. Jusqu’en 2020, quand la fonctionnaire a été accusée, sur la base d’une vidéo floue et absurde, d’avoir fraudé lors de l’élection pourtant remportée haut la main par Donald Trump à Dalton.
En 2024, elle redoute toujours le courroux des Maga et pèse ses mots. Même si elle se tient loin désormais de la vie politique, elle est toujours employée du comté. Il faut rester prudent. « Ça a été un vrai traumatisme », dit-elle en évoquant les attaques répétées, des mois durant, lors de chaque réunion publique.
Mais pourquoi donc cette crise de confiance ? D’où vient-elle ? Dalton s’est-elle sentie trahie par ses élites, qui ont racheté les petites entreprises au profit des plus grosses ? Qui ont sauvé leur ville, en même temps que leurs intérêts, en encourageant la venue des Latinos ? Aujourd’hui, la moitié de la population est hispanique, vivant majoritairement à l’est de la voie ferrée qui coupe Dalton en deux.
Le mouvement Maga est-il d’abord identitaire, comme le pense Colt Helton, un républicain modéré qui, à l’approche de la quarantaine, vient de reprendre les deux garages familiaux ? « On pense politique, mais c’est tribal, lâche-t-il, dépité. Ici, il y a très peu d’Afro-Américains. On n’a pas vécu le mouvement pour les droits civiques des années 1960. La diversité, ce sont les Latinos. »
Ou bien s’agit-il d’une crise démocratique ? Dalton se trouve dans ce qu’on appelle aux États-Unis un « désert d’information ». Le Daily Citizen, qui ne paraît plus que quatre jours par semaine, n’est que l’ombre de ce qu’il était encore au début des années 2000. « Il n’existe encore que parce que les personnes âgées aiment la publicité papier et les coupons de réduction », dit-on. Les supermarchés de Dalton rivalisent de réclame dans les encarts diffusés par le Daily Citizen.
Crise démocratique… ou bien démographique ? Car ce sont les retraités qui donnent le ton à l’Amérique Maga. Dianne Putnam reconnaît que les cheveux sont bien gris ou rares, lors des meetings du GOP. Les plus jeunes votent peu, et encore moins les jeunes Latinos – parce que 60 % des Hispaniques du comté n’ont pas la nationalité américaine, et parce que les autres n’ont pas l’habitude de se rendre aux urnes. Le pouvoir politique appartient donc aux anciens qui, par définition, sont nostalgiques – comme partout et comme de tout temps. Mary Hammontree ne veut pas donner de noms, mais ce sont des hommes âgés, dit-elle, qui lui ont mené la vie dure.
Quand donc l’Amérique a-t-elle commencé à prendre cette voie ? Un homme au moins ne cesse de se poser la question à Dalton : Kenneth Ellinger, professeur de science politique à la petite université publique de la ville. La science politique aura été son métier pendant toute sa carrière mais elle ne l’aura pas aidé à comprendre l’évolution de son pays. Ni même de sa ville d’adoption.
Il est arrivé de l’Oklahoma au début des années 1990. Bill Clinton venait d’être investi à Washington, au son d’un tube du groupe Fleetwood Mac : « Don’t stop thinking about tomorrow. Yesterday’s gone. » C’était l’Amérique optimiste, qui allait bientôt se lancer dans la révolution Internet. Rien ne semblait pouvoir résister à sa puissance, à son énergie, à son optimisme.
Pourtant, trois décennies plus tard, une bonne partie du pays voit le monde dans le rétroviseur, nostalgique d’une grandeur passée. Mais au fait, cette grandeur, c’était quand exactement ? Les avis divergent. Pour Dianne, la belle époque, c’étaient les années 1970-1980, quand tout semblait immuable, même si ce n’était qu’une illusion d’optique. Pour Fran Diemer, qui travaille dans une boutique à la gloire de l’ex-président, un Trump Store, c’était avant que « Dalton ne devienne un petit Tijuana », dit-elle, en référence à la ville mexicaine frontalière et agitée, en face de San Diego.
Elle-même a quitté la ville il y a peu, après son divorce. « Je n’ai rien contre les immigrés qui viennent légalement, assure-t-elle au milieu de casquettes rouges et de gadgets, parfois de mauvais goût. Mais les autres… Je me souviens d’une femme sur le parking du supermarché, elle a heurté ma portière en sortant de sa voiture et prétendu qu’elle ne parlait pas anglais… »
Dans les prochains jours, Kenneth Ellinger, lui aussi, quittera Dalton. Il mettra toute sa vie dans un camion de location – toute sa vie, sauf sa collection de plus de 1 600 figurines de sport et de la politique, léguées à la fac, le Dalton State College (DSC) – et tractera sa Ford jusqu’à l’Oklahoma, pour pouvoir voir grandir les enfants de sa fille. Il traversera le Mississippi, suivant le parcours des Cherokees, chassés de Géorgie au début du XIXe siècle, le long de la « piste des larmes ».
Ken, lui, ne partira pas la larme à l’œil. Mais avec un goût amer. Parce que sa retraite est aussi, un peu, une retraite face à des forces nouvelles qui ébranlent l’Amérique conservatrice. Ses derniers mois d’enseignement n’ont pas été les plus plaisants. « Un ou une élève s’est plaint(e), disant que je m’attaquais à sa foi, et les responsables du département m’ont lâché, raconte l’enseignant. Ils n’étaient même pas présents à mon pot de départ, après plus de trente ans passés au DSC. »
Kenneth est fan de deux présidents : Jimmy Carter, démocrate de Géorgie, et Josiah Bartlet, démocrate de télévision. Interprété par Martin Sheen, Josiah Bartlet est le personnage principal de la série À la Maison-Blanche, tournée à partir des années 1990 et dont Ken a vu sans doute trois ou quatre fois chacun des 155 épisodes. Ken a toujours aimé montrer certains passages en cours à ses étudiants.
Mais la réciproque n’est plus tout à fait vraie. Certains passages sont désormais mal venus à Dalton, comme celui où le président Bartlet démontre les incohérences d’une animatrice de talk-show ultra-conservatrice. « J’avais déjà eu des remarques, des élèves” mal à l’aise”. Mais ça n’avait jamais été très loin, raconte Ken. Jusqu’à cette dernière plainte. Là, la fac a pris peur. Peur d’une lettre aux élus locaux, qui couperaient les vivres ; peur d’une polémique avec les Maga. »
Car, à Dalton, les Maga veulent faire place nette. Au sein du parti, d’abord. Leurs adversaires, ce sont les « Rino » (« Republican In Name Only », « républicains de nom seulement »), comme Kasey Carpenter, 46 ans, entrepreneur et élu du GOP à la Chambre des représentants de Géorgie, à Atlanta. C’est lui qui a ouvert l’hôtel-boutique de Dalton. C’est un républicain à l’ancienne, pragmatique, tourné vers les affaires. Il ne croit pas au monde selon Trump, et il est bien placé pour savoir que Dalton serait à l’arrêt sans la main-d’œuvre mexicaine. Alors le GOP de Dianne Putnam multiplie les manœuvres contre lui, lui met des rivaux dans les pattes… Sans succès pour l’instant.
Dans la ville ensuite. Au printemps, un candidat trumpiste a remporté la primaire organisée pour choisir le candidat républicain au poste de shérif. C’est donc lui qui, cet automne, affrontera Scott Chitwood, dernier démocrate encore en fonction dans le comté de Whitfield. America Gruner, fondatrice de la Coalition of Latino Leaders, craint le pire : elle redoute, en cas de victoire de Darren Pierce – c’est son nom –, un retour à la fin des années 2000, quand la crise des subprimes avait fait flamber le chômage à Dalton mais aussi les sentiments anti-Latinos. « Il y avait des contrôles routiers dans la ville, on expulsait des pères de famille à la sortie de l’usine », se souvient-elle. En novembre, l’élection la plus importante à Dalton ne sera pas celle que l’on croit.