« Ecrivain, ça fait un peu poseur, non ? » Jean Echenoz sourit légèrement en prononçant cette phrase et allume une cigarette dans le patio arboré de l’hôtel parisien où nous le retrouvons, au début du mois de juillet. Poseur, il ne l’est certainement pas. Pourtant, celui qui préfère dire qu’il « fait des livres » pourrait se permettre de l’être, lui qui s’est imposé, en France comme à l’étranger – son œuvre est traduite en 46 langues –, comme l’un des plus grands écrivains français contemporains.
Son premier roman, Le Méridien de Greenwich, paraît en 1979 aux Editions de Minuit, où seront publiés tous ses livres suivants. En 1983, quand le deuxième, Cherokee, reçoit le prix Médicis – il obtiendra le Goncourt en 1999 pour Je m’en vais –, Jean Echenoz décide de se consacrer uniquement à l’écriture. Il va développer une œuvre magistrale, caractérisée par une langue minutieusement travaillée, irriguée par l’imaginaire cinématographique et musical comme par l’univers du polar et du roman d’espionnage. Son dix-huitième roman, Bristol, narrant les aventures d’un réalisateur médiocre lancé dans l’adaptation d’un roman à l’eau de rose, a paru en janvier. Discret et élégant, il revient pour nous sur ses débuts en littérature et sur son extraordinaire parcours littéraire.