Une femme transgenre tuée à Paris, un suspect mis en examen pour meurtre en raison de l’identité de genre et écroué

Un homme de 22 ans, soupçonné d’avoir tué dans la nuit de lundi à mardi une femme transgenre, a été mis en examen jeudi 11 juillet à Paris pour meurtre et écroué, a appris l’Agence France-Presse (AFP) vendredi de source judiciaire.

Il a été mis en examen pour meurtre en raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre de la victime, a précisé cette source. Selon une source proche du dossier, la victime était une escort-girl avec qui le jeune homme avait pris rendez-vous dans la nuit de lundi à mardi.

L’homme « s’est présenté » mardi aux alentours de 10 heures au commissariat de Clamart (Hauts-de-Seine) « en déclarant avoir poignardé quelqu’un dans le 16e arrondissement de Paris », a relaté le parquet. Sur les lieux indiqués par le suspect, « les services de police trouvaient le corps sans vie de la victime, dont l’identité n’est pas confirmée à ce stade », a ajouté le ministère public. Dans un communiqué, l’association Acceptess T, qui défend les droits des personnes transgenres, désigne la victime comme Géraldine, 30 ans, travailleuse du sexe transgenre péruvienne.

Selon les premières déclarations du suspect, il l’aurait tuée après s’être rendu compte que la femme était transgenre. Mais « ses déclarations sont assez évolutives et ce point devra être vérifié au cours des investigations », a souligné la source proche du dossier.

Dans son communiqué, Acceptess T a dénoncé ce meurtre, le qualifiant de « transphobe ». « Nous croyons que l’agresseur a délibérément ciblé une femme trans, migrante, travailleuse du sexe en pensant s’en sortir impunément », précise le texte, cosigné avec les associations Prévention Action Santé Travail pour les transgenres (Pastt) et le Syndicat du travail sexuel (Strass), qui appelle à un rassemblement le 16 juillet sur le parvis des Droits-de-l’Homme, place du Trocadéro à Paris. « Personne ne prend rendez-vous pour une prestation sexuelle avec une femme trans, et “découvre sa transidentité plus tard”. En colportant cette rumeur, les médias perpétuent le mythe transmisogyne de la femme trans “fausse” et de l’agresseur victime », ajoute l’association Flirt-Front Transfem.

« Cette explication ubuesque et tragique rappelle la “trans panic defense” popularisée aux [Etats-Unis] », a également réagi Sébastien Tüller, référent sur les droits des personnes LGBTI + au sein d’Amnesty International France : « La “gay [ou] trans panic defense” implique (soi-disant) que la simple découverte de l’orientation sexuelle ou identité de genre serait tellement terrifiante que cela pourrait entraîner un “état psychotique temporaire” s’exprimant par une violence incontrôlable. L’occasion de rappeler que l’homophobie, la transphobie et la putophobie devraient être considérées comme des circonstances aggravantes pas comme des circonstances atténuantes. »

Les investigations ont été confiées au premier district de la police judiciaire parisienne.

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