Six ans de prison ferme pour le « patron » et des peines s’échelonnant de douze mois avec sursis à cinq ans de prison ferme pour les neuf « employés ». La chambre correctionnelle du tribunal judiciaire d’Angers a eu la main ferme, vendredi 12 juillet, face aux membres du « Zanzi shop », cette boutique en ligne de la drogue démantelée par les gendarmes le 9 avril au May-sur-Evre (Maine-et-Loire).
Dans ce bourg rural (3 970 habitants) de la région des Mauges, situé à dix minutes au nord de Cholet, cet « Uber shit » – le surnom des systèmes de livraison de drogue à domicile – des campagnes prospérait depuis janvier 2023 et avait généré, selon les estimations des douanes, plus de 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires en quelques mois. Il fonctionnait très simplement, par l’intermédiaire d’une boucle de la messagerie sécurisée Telegram, et affichait tous les atours d’une activité commerciale classique avec promotions, nouveautés – cocaïne goût fraise et MDMA parfum cola – et distribution de petits cadeaux pour les clients fidèles. Ces derniers devaient juste envoyer une copie de leur carte d’identité et une photo d’eux pour être livrés à domicile. « Goûtez ces nous adopter (sic) », proclamait le slogan maison de cette échoppe virtuelle ouverte sept jours sur sept, avec livraisons promises pour le lendemain.
Pour assurer ce service express, le réseau employait une escouade de livreurs rémunérés 20 à 25 euros la course. La plupart étaient des clients du « Zanzi shop » ravis d’autofinancer leur consommation personnelle. Lorsque le client était hors de portée, la drogue était tout simplement expédiée par colis via La Poste ou Fedex. Dans toute la France et au-delà, jusqu’en Belgique, en Italie, en Lituanie et au Mexique pour certains clients. Les règlements se faisaient alors en cryptomonnaies.
Dans l’équipe commerciale, l’un se faisait appeler « Poutine », l’autre « la Fusée », un troisième « le Chinois ». Chacun avait son petit sobriquet et son rôle au sein de la PME. A l’état civil, ils se prénomment Johan, Tom, Thibaud ou Luigi. Mercredi, pour l’ouverture de leur procès, ils étaient huit à se faire face dans les box du tribunal, encadrés par des agents pénitentiaires. Deux autres, qui comparaissaient libres, étaient plus confortablement assis sur des chaises. Et six autres, dont l’implication semblait moindre, avaient été jugés en avril dans le cadre d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité. Des peines de huit à vingt-quatre mois d’emprisonnement avaient été prononcées à leur encontre.