Les rugbymans français Oscar Jegou et Hugo Auradou ont été mis en accusation par le parquet de Mendoza, vendredi 12 juillet, pour viols aggravés car commis en réunion, et encourent jusqu’à 20 ans de prison, a-t-on appris de source judiciaire.
« L’unité du parquet de Mendoza chargée des délits contre l’intégrité sexuelle (…) a procédé à l’inculpation formelle des deux citoyens français qui font l’objet d’une enquête du parquet de Mendoza pour violence sexuelle avec pénétration, aggravée par la participation de deux personnes », a fait savoir le parquet de Mendoza.
« Les citoyens ont choisi de ne pas témoigner », comme ils pouvaient le faire, ajoute le communiqué du parquet qui précise que les deux joueurs « resteront en détention » pendant l’étude de la demande de placement en résidence surveillée déposée par la défense.
L’avocat des joueurs, Me Cuneo Libarona, a demandé une assignation à résidence, faisant valoir qu’« il n’y a pas de danger de fuite ».
Les autorités judiciaires ont en outre précisé qu’elles « ne feront aucune déclaration aux médias afin de ne pas affecter le cours de l’enquête et de ne pas nuire à la plaignante ».
Placés en détention provisoire à leur arrivée jeudi soir dans le nord-ouest de l’Argentine, après un trajet de plus de 1 000 kilomètres depuis Buenos Aires où ils ont été arrêtés lundi, les deux joueurs avaient été emmené à la salle d’audience via des tunnels souterrains pour se rendre dans la salle d’audience où les médias n’ont pas accès.
Poursuivis au départ de l’affaire pour « violences sexuelles », ils sont désormais inculpés de « viol aggravé », les faits les plus graves pouvant leur être reprochés. En droit argentin, les violences sexuelles peuvent caractériser des faits allant de l’agression sexuelle au viol aggravé. Ces faits sont passibles de 20 ans de prison.
Le deuxième ligne de Pau, Hugo Auradou, 20 ans, et le troisième ligne de La Rochelle, Oscar Jegou, 21 ans, reconnaissent avoir eu « une relation sexuelle » mais ont « fermement nié toute forme de violence » dans la nuit de samedi à dimanche au Diplomatic Hotel de Mendoza où logeaient joueurs et staff français, après la victoire (28-13) du XV de France face aux Argentins.
Des relations sexuelles « consenties », a réaffirmé leur avocat, frère du ministre de la justice, énumérant jeudi plusieurs « indices » le prouvant selon lui. Il nie également que des coups aient été portés : « Elle prétend avoir été battue, les caméras [de surveillance de l’hôtel] disent qu’elle ne l’a pas été ».
Mais selon l’avocate de la plaignante, « il s’agirait de violence sexuelle particulièrement atroce ». Elle a annoncé que sa cliente a été hospitalisée jeudi et devrait rester en observation entre 24 et 48 heures, souffrant « d’une décompensation générale du corps suite à tout ce qui s’est passé ».
Quand elle a lu les informations dans la presse, « elle a été bouleversée, en état de choc total et s’est évanouie, notamment à cause des lésions que le scanner a révélées », a déclaré l’avocate à une radio locale. Pour Nicolas Yungman, psychologue à l’hôpital Alvear de Buenos Aires, il pourrait s’agir d’un « syndrome de stress post-traumatique ».
Selon la version de Me Romano, sa cliente est rentrée à l’hôtel avec l’un des deux joueurs impliqués, « identifié en premier lieu comme Hugo [Auradou] ». Toujours d’après Me Romano, « il l’attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d’un coup de poing, dont l’hématome est visible sur le visage de la victime. Il l’étouffe, au point qu’elle a l’impression de se sentir partir ».
Environ une heure plus tard, « entre le deuxième, qui s’appelle Oscar », poursuit l’avocate, l’accusant des « mêmes faits de violence et de violence sexuelle ». « Elle tente de s’échapper au moins cinq fois. Mais Hugo se réveille et la reprend », a-t-elle encore affirmé.
Selon la procureure générale de Mendoza, Daniela Chaler, « la déposition était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l’heure, aux conclusions médico-légales ».
Le président de la Fédération française de rugby, Florian Grill, qui a rencontré les deux joueurs à Buenos Aires mardi, souhaite « que la justice aille vite ». Présent à Mendoza, il indique que « l’avocat a pu exposer [auprès du parquet de Mendoza] plusieurs points qui questionnent sur la déclaration initiale et qui vont mettre en cause plusieurs déclarations ». « Si les faits sont avérés, ils sont incroyablement graves. Il faut avoir une pensée pour la jeune femme. C’est à l’inverse de tout ce que le rugby est, de tout ce que le rugby fait, de tout ce que le rugby construit, (…) mais il faut laisser l’enquête, qui est nécessaire, se dérouler », déclarait-il plus tôt.
« Si l’enquête établit les faits reprochés, ils constituent une atrocité sans nom. Pensée pour la victime », avait écrit sur X, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des sports française, après la révélation de l’affaire qui a plongé le XV de France dans la tourmente.