Tenue de nuit ou tenue du soir ? Samedi 27 septembre, à la fashion week printemps-été 2026 de Milan, Dolce & Gabbana et Ferragamo ont proposé les deux options.
Quand on a une bonne idée, pourquoi ne pas la recycler ? Dolce & Gabbana ne s’embarrasse pas de scrupule et reprend le thème développé lors du défilé masculin de juin 2025 : le pyjama. Visiblement très inspirés par le sujet, Domenico Dolce et Stefano Gabbana l’ont développé sur 66 looks féminins (après en avoir déjà livré 93 versions à l’homme). Majoritairement en popeline de coton rayée et dans les tons pastel, ils sont parfois simplement portés avec un soutien-gorge ou un caraco de dentelle noir. Associés à des chemises, ils peuvent faire office de costumes. A moins que les vestes de pyjama ne deviennent elles-même des chemises, portées sous un trench ou un manteau de (fausse) fourrure.
Bref, tout est possible, même de combiner sa tenue de nuit avec une guêpière, un perfecto doré, ou... un autre pyjama. Tandis que, sur le podium, les tenues pyjamesques se multipliaient sans fin, dans le public, c’est un autre genre de dédoublement qui a eu lieu : en face d’Anna Wintour était assise Meryl Streep dans la peau de son personnage du film Le Diable s’habille en Prada (2006), inspiré par Anna Wintour. Le tournage du second volet est en cours, et cette épisode milanais sera intégré au montage. Précisons tout de même que bien qu’elle ait assisté au show habillée en Dolce & Gabbana, Meryl Streep, elle, ne portait pas de pyjama.
L’ambiance était moins décontractée chez Ferragamo. L’année 2024 a été dure pour la maison florentine qui a vu son chiffre d’affaires baisser de 10,5 %, sous l’effet de la baisse de la demande en Asie. Le sort de son directeur artistique recruté en 2022, Maximilian Davis, semble incertain. Mais le Britannique de 30 ans continue de travailler sérieusement ses collections, peut-être d’ailleurs un peu trop.
Après avoir, par le passé, égréné les thématiques du ballet, de l’arte povera ou du « Tanztheater » , il se concentre cette fois-ci sur le mouvement « africana » qui désigne l’intérêt porté aux cultures africaines et caribéennes en Europe et aux Etats-Unis dans les années 1920. Les smokings amples noués à la taille par une ceinture à franges, des chemisiers fendus et jupes crayons en georgette de soie transparentes, des robes à imprimés animaliers légères comme un voile... L’élégance d’un monde disparu se pare de dentelles, de couleurs vives, de bracelets massifs, de franges si longues qu’elles traînent par terre sur la moquette gorgée d’eau de pluie installée dans la cour de l’hôtel Portrait Milano (qui appartient à la famille Ferragamo).
L’ensemble est cohérent et bien exécuté mais avec tant d’application qu’il ne convainc pas tout à fait. Il manque un pas de côté qui rendrait le propos moins littéral, voire un peu d’humour. Mais, il faut le reconnaître : pour la plupart des marques de luxe, les chiffres de vente actuels n’encouragent pas vraiment à la fête.