En se choisissant pour nom, en 1980, « Association 813 », le principal club français d’amateurs de littérature policière rendait un hommage fervent à ce qui est sans doute, au cœur du cycle de dix-huit romans signés Maurice Leblanc (1864-1941), l’épisode « le plus mystérieux, le plus violent, le plus dramatique » (Boileau-Narcejac) des aventures d’Arsène Lupin.
Quatrième titre de la série, prépublié dans Le Journal puis, en deux volumes, chez Lafitte, en 1910, on y voit en effet Lupin, ce Mozart du cambriolage, ce véritable Nijinski de l’escroquerie, fils, rappelons-le, d’une aristocrate cauchoise et d’un prof de savate, après avoir ferraillé « contre Herlock Sholmès » (1908) et s’être arrogé le trésor des rois de France (L’Aiguille creuse, 1909), faire incursion dans la jungle des affaires européennes, des tensions franco-germaniques (nous sommes un an avant la crise d’Agadir, en 1911) et franchir un Rubicon qu’on croyait absolu : tuer. 813 est en effet jonché de cadavres : celui du diamantaire Kesselbach, de Chapman, son secrétaire, et de Gustave, son domestique. Une triple saignée qui confronte Lupin à son double monstrueux : le baron de Malreich, rival qui rêve d’un portefeuille en « peau du Lupin ».