En s’attaquant à la figure d’Enrico Berlinguer, qui fut secrétaire général du Parti communiste italien (PCI) de 1972 à 1984, date de sa mort, le cinéaste Andrea Segre n’a pas choisi la flamboyance romantique du biopic héroïque et triomphaliste. Berlinguer. La grande ambition ressemblerait plutôt à son objet, austère, gris, dénué de toute séduction immédiate et de toute épate spectaculaire. Un ascétisme que traduit parfaitement la photographie brunâtre du chef opérateur, Benoît Dervaux.
Berlinguer fut un homme au charisme paradoxal, que le comédien Elio Germano restitue avec un mimétisme qui lui valut le David di Donatello (équivalent des César) pour son interprétation. Le succès que le film rencontra en Italie lors de sa sortie en salle, en octobre 2024 (4 millions d’euros de recette), témoigne sans doute, tout à la fois de la nostalgie pour un temps où la donne politique était différente de celle d’aujourd’hui et où le PCI exerçait une forme d’hégémonie culturelle, tout en étant maintenu dans l’opposition. Le parti politique fut, en Italie, la Némésis d’une Démocratie chrétienne qui se cramponnait au pouvoir depuis la fin de la seconde guerre mondiale.