Il y a fort à parier que les clients français du café Central, établissement situé dans la partie ouest du centre-ville de Cologne, seront quelque peu surpris par les miroirs accrochés aux murs. Ils y reconnaîtront, peinturlurés au marqueur noir, les visages de personnages de films avec Louis de Funès. Le célèbre gendarme, « ma biche » et autres héros franchouillards y ont été croqués par le plasticien Martin Kippenberger (1953-1997), figure de l’art contemporain allemand et habitué des lieux.
Une incongruité ? « Pas vraiment, sourit le galeriste anglo-allemand Alex Flick, 39 ans, qui gère les lieux depuis le printemps, les films de Louis de Funès étaient des succès énormes en Allemagne. » Celui qui se souvient de ses éclats de rire enfantins devant le « Muskatnuss, Herr Müller ! » (« de la noix de muscade, monsieur Müller ! »), hurlé par le comédien dans Le Grand Restaurant (1966), concède néanmoins : « Des surprises, il y en a partout ici. »
Ce jour de septembre, le café Central est très calme. Des habitants de ce quartier à l’architecture allemande typique de l’après-guerre et où se sont installés coffee shops et galeries d’art discutent ou travaillent sur leur ordinateur. Pourtant, ce bar n’est pas comme les autres. Le zinc a été tagué de divers slogans politiques par le peintre mexicain Stefan Brüggemann. Un lustre signé de l’artiste britannique Tai Shani est formé de boules de verre soufflé imitant la forme de seins. Aux murs, on trouve de vieilles affiches pour des expositions des maîtres allemands Franz West ou Sigmar Polke.