Docteure en sciences économiques, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-Panthéon-Assas, Nathalie Sonnac a été conseillère au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, ancêtre de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, Arcom) entre 2015 et 2021. Elle explique pourquoi le souhait, notamment formulé par le Rassemblement national, d’une privatisation des chaînes et des antennes publiques ne relève d’aucune logique économique.
En Europe, les valeurs du service public sont celles de la protection de l’intérêt général, de l’universalisme, de l’innovation et de l’accès gratuit à une information indépendante des pouvoirs publics (les chaînes publiques ne sont pas des chaînes d’Etat, l’actionnaire n’intervenant pas dans leur programmation) et des financements publicitaires. Dans tous les pays du monde, plus l’audiovisuel public est présent, plus la démocratie l’est aussi.
Il se trouve qu’en France les chaînes et les antennes qui réunissent le plus grand nombre de téléspectateurs et d’auditeurs sont celles du service public. C’est pourquoi je crois surtout qu’on devrait investir dans leur financement, le solidifier et le pérenniser. Dans un contexte de post-vérité [où le faux et le vrai se mêlent indistinctement], ce n’est vraiment pas le moment de lâcher la barre.