Depuis le début de son procès, son nom plane au-dessus des déclarations de Dahbia Benkired. Elle l’a dépeint tour à tour comme son grand amour et un ex-compagnon qui l’a poussée à se prostituer et « l’a rendue folle ». Et le voilà maintenant devant la cour, mardi 21 octobre, en jean et polo noir, qui parle à la barre sans jamais regarder vers le banc des accusés. Mustapha M., 33 ans, « enseignant », s’exprime dans un français châtié et avec une modestie affectée.
Lorsqu’il a rencontré Dahbia, qu’il appelle « Dina », comme la plupart de ses intimes, elle était encore lycéenne et le récit qu’il fait de leur amour naissant a tout d’un conte sage et romantique. « C’était une jeune fille très belle et j’étais amoureux d’elle. Elle était vierge, alors j’étais allé voir sa mère pour l’assurer que je préserverais la virginité de sa fille. Et on avait décidé de ne pas “consommer” », assure-t-il.
L’histoire est si bien engagée, raconte-t-il avec un air de gentil garçon, qu’il lui « achète des livres afin qu’elle passe son diplôme d’aide-soignante ». Et puis, « l’amour s’est dilué », le couple s’est séparé et c’est ensuite par « pure générosité » que, quand il a retrouvé Dahbia Benkired, il l’a logée par intermittence dans son sept mètres carrés, alors qu’elle-même errait sans domicile depuis la mort de ses parents. Il regrette aussi d’avoir été le témoin de sa « dégringolade », de son changement physique lié à la drogue, de sa joie de vivre disparue.