Selon une étude de l’Office européen des brevets (OEB) publiée mercredi 22 octobre, la France est en tête du palmarès européen en termes de nombre de brevets déposés par des organismes de recherche publique, avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) parmi les institutions les plus innovantes.
« La recherche publique est l’une des plus grandes forces de l’Europe », a souligné le président de l’OEB, Antonio Campinos, appelant à « accélérer le transfert de la recherche vers des technologies concrètes. »
Pour réaliser cette étude, l’OEB a analysé les demandes de brevets déposées par des organismes publics entre 2001 et 2020, dans ses trente-neuf Etats membres. Bilan : sur cette période, plus de 25 000 demandes ont été générées par des organismes publics de recherche français, soit près de 14 % de l’ensemble des demandes générées par des acteurs français, et 40 % des 63 000 brevets déposés par des instituts publics européens.
L’innovation est relativement concentrée : dix institutions, majoritairement françaises et allemandes, concentrent près des deux tiers du total des demandes. Le CNRS et le CEA occupent respectivement les première et deuxième places, l’institut allemand Fraunhofer, spécialisé dans la recherche en sciences appliquées, la troisième, et l’Inserm la quatrième.
Parmi les secteurs stratégiques figurent la santé, les biotechnologies, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs et les technologies numériques.
Les hôpitaux universitaires européens font partie des principaux acteurs déposant des demandes. Les Français dominent le paysage avec 4 575 demandes de brevets, suivis par l’Allemagne (2 858) et le Royaume-Uni (2 500), qui représentent à eux trois plus de 56 % de l’ensemble des demandes de brevets par des hôpitaux universitaires européens. A elle seule, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris compte 1 968 demandes, soit plus de 11 % du total, devant l’Hôpital universitaire de Copenhague et l’Institut Karolinska de Stockholm.
« L’étude montre qu’en Europe nous avons un système de recherche “deeptech” [des technologies de rupture], basé sur la science, très puissant et très performant », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP), Yann Ménière, chef économiste de l’OEB.
« Les start-up les plus sérieuses, les plus intéressantes sont issues de la recherche publique, ce qui explique qu’elles attirent une part disproportionnée des investissements », souligne-t-il. Pour preuve, environ un quart des start-up européennes ayant généré des demandes de brevets impliquent des inventeurs issus d’instituts de recherche publique ou d’hôpitaux, tout en concentrant environ la moitié des financements levés.