« Le PS, en laissant gouverner Sébastien Lecornu, veut s’inscrire dans la filiation d’une gauche consciente des contraintes du réel »

Le bureau national du Parti socialiste (PS) a décidé, à la quasi-unanimité, de ne pas censurer immédiatement le deuxième gouvernement Lecornu [lors d’un vote, le 16 octobre]. Ce choix a fait couler beaucoup d’encre, et la plupart des commentateurs privilégient les explications tactiques pour justifier cette orientation politique. Leurs arguments doivent être pris au sérieux. En optant pour la non-censure, la direction du parti a effectivement réalisé un arbitrage dont les avantages immédiats le disputent aux inconvénients.

Le PS fragilise le rassemblement des forces de gauche, de François Ruffin [député de la Somme ex-La France insoumise] à Raphaël Glucksmann [coprésident de Place publique], dans la perspective d’une candidature unique à l’élection présidentielle de 2027. En privilégiant le compromis à la rupture, il brouille l’image qu’il s’efforçait de renvoyer à ses adhérents et à ses électeurs depuis 2022, celle d’une organisation expiant les « péchés » du quinquennat Hollande [2012-2017] en s’engageant dans une dynamique d’union de la gauche. Le choix de la non-censure a suscité des remous dans certaines fédérations et fractions de l’électorat socialiste, dont La France insoumise (LFI) cherche à tirer profit en intensifiant sa campagne de stigmatisation des « sociaux-traîtres ».

Les dirigeants socialistes sont néanmoins convaincus que le compromis avec le pouvoir macroniste reste l’option la moins mauvaise, d’autant qu’il ne compromet pas la possibilité de censure lors de la discussion budgétaire. A courte échéance, ce choix les protège des affres d’une dissolution de l’Assemblée nationale dont le renforcement de l’extrême droite constituerait la seule véritable certitude, tout en mettant en péril le siège de nombreux députés.

En œuvrant à la stabilité des institutions, les socialistes marquent également leur attachement à l’éthique de responsabilité, un atout non négligeable dans la perspective d’un scrutin municipal où leur parti parvient généralement à tirer son épingle du jeu. Qu’elles appartiennent au courant du premier secrétaire ou à celui du principal courant d’opposition, ses figures de proue insistent sur la victoire symbolique et politique que constituent la non-application de l’article 49.3 de la Constitution et la suspension de la réforme des retraites.

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