L’élection est encore plus facile à gagner que sa législative dans la très favorable 10? circonscription des Hauts-de-Seine. Samedi 12 juillet, Gabriel Attal sera élu président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, dans le cadre d’un scrutin où il est le seul candidat. Le chef du gouvernement devrait embrasser sa nouvelle fonction une fois qu’Emmanuel Macron aura accepté la démission qu’il lui a remise au lendemain du second tour des législatives, lundi 8 juillet. Ce qui pourrait intervenir, mardi 16 juillet, faisant passer le locataire de Matignon du rang de premier ministre à celui de ministre démissionnaire, jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement.
Ce changement de statut lui permettrait de siéger au Palais-Bourbon sans contrevenir à l’article 23 de la Constitution qui édicte que « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire ». A moins d’un retournement institutionnel ? « Je maintiens que cela serait contraire à la Constitution, insiste Jean-Philippe Derosier, professeur agrégé de droit public à l’université de Lille, titulaire de la chaire Etudes parlementaires. Une autorité qui gère les affaires courantes reste une autorité décisionnaire et si on applique strictement l’article 23, il ne peut pas être député. »
Mais la controverse institutionnelle n’est que le cadet des soucis du futur président du groupe Renaissance. S’il bénéficie du large soutien des députés, qui voient en lui leur sauveur après une campagne impossible où il s’est démultiplié pour les soutenir, des voix s’élèvent pour déplorer une élection à contretemps, qui ne résout en rien les problèmes immédiats du parti présidentiel. Tout au long de la semaine, au cours de réunions qui ont viré au psychodrame, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, appuyé par l’ancienne première ministre Elisabeth Borne et l’ex-présidente du groupe Aurore Bergé, a fait campagne pour reporter l’élection à la rentrée de septembre. Et lui substituer une gouvernance collégiale par intérim, le temps de redéfinir les orientations du parti.
L’organisation du vote et le plébiscite annoncé de Gabriel Attal n’ont pas éteint les critiques. Au contraire même, puisqu’elles sont désormais publiques. Vendredi 12 juillet sur RTL, M. Darmanin estimait ainsi que la direction de Renaissance devait « se remettre en cause » et « prendre en compte toutes les sensibilités », rappelant que « personne n’avait d’hégémonie ». La veille, il s’était fendu d’un message dans une boucle interne aux députés pour leur expliquer que l’élection de samedi ne réglait « en aucun cas les deux problèmes majeurs qui sont les nôtres ». En l’occurrence, d’un côté, la définition d’une « ligne politique » et d’un « projet pour les Français », en faisant « l’examen critique de notre action » ; de l’autre, la question du « fonctionnement du parti et [de] la nécessaire représentation des territoires et des sensibilités ».