Le régime militaire du Burkina Faso va rétablir dans son code pénal la peine de mort, qui avait été abolie en 2018. Les condamnations à mort seront rétablies « pour un certain nombre d’infractions que sont la haute trahison, les actes de terrorisme, les actes d’espionnage, entre autres », a annoncé, jeudi 4 décembre, le service d’information du gouvernement burkinabé.
Selon l’ONG Amnesty International, la dernière exécution recensée au Burkina Faso remonte à 1988. La peine de mort a été abolie sous le régime civil de Roch Marc Christian Kaboré, trente ans plus tard.
Le Burkina est actuellement dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir après un coup d’Etat militaire en septembre 2022. Il mène depuis une politique souverainiste et hostile à l’Occident, dont il critique notamment certaines « valeurs ». Le pays s’est par ailleurs rapproché de nouveaux partenaires comme la Russie et l’Iran.
« L’adoption de ce projet de loi [sur la réforme du code pénal] s’inscrit dans la dynamique des réformes globales du secteur pour une justice qui répond aux aspirations profondes du peuple », a expliqué le ministre de la justice burkinabé, Edasso Rodrigue Bayala, cité par le service d’information du gouvernement.
Le texte, qui doit être validé par l’Assemblée législative de transition, créée par la junte, « sanctionne » également « la promotion et les pratiques homosexuelles et assimilées », selon le gouvernement. En septembre, pour la première fois, le pays avait adopté une loi prévoyant des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison pour les « auteurs de pratiques homosexuelles ».
D’après Amnesty International, des condamnations à mort ont été prononcées dans 14 pays d’Afrique subsaharienne en 2024, soit « une baisse de 10 % ». Le nombre d’exécutions recensées dans la région a aussi « diminué de 11 % », indique l’ONG dans son rapport 2024, ajoutant que « la Somalie a été le seul pays de la région dont on sait qu’il a procédé à des exécutions », pour la deuxième année d’affilée.
Outre le Burkina, la République démocratique du Congo a prévu « de reprendre les exécutions et de rétablir la peine de mort pour les crimes de droit commun, tandis que le Nigeria a pris des mesures pour que les infractions liées aux stupéfiants soient passibles de la peine capitale », explique Amnesty.
Le Burkina est miné dans de larges pans de son territoire par les attaques de groupes armés djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique depuis une dizaine d’années. La junte réprime régulièrement les voix qui la critiquent, notamment à propos de la situation sécuritaire qui s’est dégradée depuis son arrivée au pouvoir. Des ONG comme Human Rights Watch (HRW) et Reporters sans frontières (RSF) accusent le régime militaire d’utiliser l’enlèvement comme moyen de répression des voix critiques.