Vladimir Poutine, a tenu, vendredi 19 décembre, sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année à Moscou, avant de répondre aux questions de concitoyens pendant près de quatre heures et demie. Il s’est exprimé à cette occasion sur de nombreux sujets allant de la géopolitique à l’économie en passant par les problèmes locaux. Il a une nouvelle fois consacré de longs moments à l’offensive en Ukraine, déclenchée en février 2022.

M. Poutine s’est d’abord félicité des gains territoriaux obtenus dans l’est de l’Ukraine par les forces russes, assurant que celles-ci « avancent sur toute la ligne de contact » et que les Ukrainiens « reculent dans toutes les directions ». « Je suis sûr qu’avant la fin de cette année nous assisterons encore à de nouveaux succès », a-t-il dit, promettant une nouvelle fois que les objectifs de la Russie en Ukraine seraient atteints, que ce soit par la voie diplomatique ou par des moyens militaires.

Le chef de l’Etat russe a eu un ton très dur envers les dirigeants européens, qu’il a qualifiés de « porcelets » décidés à provoquer « l’effondrement » de la Russie. Les troupes russes ont accéléré cette année leurs conquêtes sur le front en Ukraine, dont elles contrôlent environ 19 % du territoire. En pleins pourparlers de paix avec Washington, le Kremlin veut convaincre qu’une victoire russe est inévitable. Mais, dans les faits, son armée progresse peu et au prix de lourdes pertes.

« La balle est entièrement dans le camp de nos adversaires occidentaux, les dirigeants du régime de Kiev et leurs sponsors européens en premier lieu », a par ailleurs déclaré Vladimir Poutine, évoquant les négociations en cours sur le règlement du conflit, auquel il s’est dit prêt à mettre fin « par des moyens pacifiques ». Il a fait valoir que Moscou avait déjà fait des « compromis » au cours des pourparlers avec les Américains.

Selon M. Poutine, la Russie perçoit certains signaux indiquant que l’Ukraine est prête à entamer un dialogue. Les forces armées ukrainiennes n’ont pratiquement plus de réserves stratégiques, ce qui devrait inciter Kiev à trouver une solution, a-t-il estimé.

« Nous ne nous considérons pas responsables pour la mort des gens, parce que nous n’avons pas commencé cette guerre », a par ailleurs répété le président russe. Avant d’imputer une nouvelle fois sa survenue aux autorités ukrainiennes.

Les Etats-Unis multiplient les tractations diplomatiques depuis plusieurs semaines en vue de préparer un plan pour l’Ukraine, actuellement discuté avec les émissaires de Kiev. Ce texte implique des concessions territoriales mais aussi des garanties de sécurité pour l’Ukraine.

Prié de dire s’il y aurait « de nouvelles “opérations militaires spéciales” », nom que la Russie donne à son offensive en Ukraine, Vladimir Poutine a répondu : « Il n’y aura aucune opération si vous nous traitez avec respect et respectez nos intérêts. »

Le président russe a réitéré l’argument, maintes fois avancé pour justifier sa guerre en Ukraine, selon lequel l’élargissement de l’OTAN vers l’est a été décidé sans prendre en compte les intérêts de la Russie. Une version de nombreuses fois critiquée par les membres de l’OTAN.

« Les politiques occidentaux ont créé la situation actuelle de leurs propres mains et continuent d’aggraver la situation. Ils ne cessent de parler de se préparer à la guerre avec la Russie », a-t-il ajouté, qualifiant d’« absurdité » l’idée que la Russie a l’intention d’attaquer l’Europe.

« Nous sommes prêts à envisager d’assurer la sécurité si l’Ukraine devait organiser des élections », a fait savoir M. Poutine, se disant prêt, au minimum, à « s’abstenir de mener des frappes à l’intérieur du territoire le jour du scrutin ».

Le gouvernement ukrainien doit devenir légitime, ce qui est impossible sans élections, a-t-il ajouté. Volodymyr Zelensky, pressé par Donald Trump à ce sujet, s’était dit début décembre prêt à organiser cette élection si les conditions de sécurité étaient réunies.

Le président russe a mis en garde les Européens contre des « conséquences très lourdes » en cas de saisie des avoirs russes gelés pour aider l’Ukraine, évoquant des mesures de représailles et des recours en justice. Pour M. Poutine, les décisions européennes à ce sujet portent atteinte à « l’image » du continent, mais sont aussi « une atteinte à la confiance dans la zone euro ».

« Quoi qu’ils volent et quelle que soit la manière dont ils le font, ils devront un jour rendre ce qu’ils ont pris. En outre, nous défendrons nos intérêts, en particulier devant les tribunaux. Nous essaierons de trouver une juridiction qui soit indépendante des décisions politiques », a-t-il ajouté.

Le président russe a affirmé « ne rien savoir » du chercheur français Laurent Vinatier, détenu en Russie depuis juin 2024 et qui pourrait être jugé pour espionnage, mais a promis de « se renseigner » et de « faire tout [son] possible » pour « résoudre cette question de manière positive ». « Si la loi russe le permet, nous ferons tout notre possible », a-t-il ajouté.

Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s’être déclaré en tant qu’« agent de l’étranger », alors qu’il collectait des « informations militaires » susceptibles de nuire à la sécurité de la Russie, selon la justice. Il a comparu en août pour des accusations d’« espionnage » qui pourraient lui valoir une condamnation beaucoup plus lourde.

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