Il est à peine 9 heures et, déjà, des dizaines de personnes attendent leur tour pour accéder au nouveau belvédère de Bois Court, au cœur de La Réunion. C’est l’attraction du moment sur les Hauts, la partie montagneuse de l’île. Inaugurée à la fin du mois d’août, la plateforme en verre perchée à 1 350 mètres d’altitude surplombe les parois vertigineuses tapissées de végétaux du cirque de Grand Bassin. Les maisons du village, 750 mètres plus bas, semblent minuscules.
Cet immense jardin protégé, à l’abri des remparts, est le plus sauvage des cirques de La Réunion. Le plus petit aussi et le plus isolé. Grand Bassin est l’un des îlets (nom local donné aux villages des cirques) habités les plus difficiles à atteindre de l’île. Situé au fond de la vallée encaissée du Bras de la Plaine, il est uniquement accessible par des sentiers escarpés que l’on doit commencer par descendre. D’où le cachet et l’originalité de ce lieu méconnu et coupé du monde qui rappelle la « Réunion lontan », comme on dit ici en créole, pour évoquer le passé des lieux d’histoire et de légendes.
Pour beaucoup de personnes, le voyage s’arrête donc au belvédère. C’est bien simple, dès les premiers mètres sur le sentier, on comprend à quelle sauce on va être mangé ! Sur un escalier taillé à même les remparts, c’est un peu comme si le vide jouait à cache-cache avec les arbres au bord du chemin. « Le relief escarpé a sauvé 30 % de la forêt. La zone de Grand Bassin est très peu prospectée, il existe encore des reliques de forêt semi-sèche. Les remparts abritent des espèces rares et patrimoniales comme le bois de sable et le poivrier des Hauts, qui sont menacées par d’autres plus invasives comme le galabert », confie Yannick Zitte, du parc national de La Réunion.