Avec Vladimir Poutine, les réponses sont parfois dans les questions. Interrogé par des journalistes et des citoyens russes, tous triés sur le volet, pour sa traditionnelle « ligne directe » et conférence de presse de fin d’année, le chef du Kremlin a, vendredi 19 décembre, donné son récit. Assenant ses propres vérités et ses vraies-fausses confidences, il a travesti les faits, reportant sur Kiev et les Européens la responsabilité à la fois de la guerre en Ukraine, déclenchée par Moscou en février 2022, et désormais celle de l’impasse des négociations. « Nous ne nous considérons pas responsables de la mort des gens, parce que nous n’avons pas commencé cette guerre », a-t-il affirmé, contre toute évidence. « La Russie est d’accord pour des négociations et la fin du conflit. Mais la balle est entièrement dans le camp de Kiev et de ses sponsors européens. »
Pendant les quatre heures et demie de ce monologue télévisé, seules deux questions de journalistes occidentaux (un Américain de NBC et un Britannique de la BBC) sont venues contredire le président russe et rappeler les propositions ukrainiennes et européennes. A aucun moment il n’a été interrogé sur les détails des négociations de ces dernières semaines. Dans une mise en scène bien orchestrée, il a, en revanche, à plusieurs reprises, inversé les rôles entre lui et le public.