Cela devient une manie. Après avoir été ajouté, le 3 décembre, au-dessus du nom de l’Institut des Etats-Unis pour la paix, le patronyme du président des Etats-Unis est apparu le 19 décembre, en lettres métalliques, en surplomb de celui de la plus célèbre salle de spectacle de Washington, le Kennedy Center. Donald Trump avait pris le contrôle à la hussarde de cette institution dès son retour à la Maison Blanche au motif d’une « déwokisation » d’urgence, dont la nécessité avait échappé à tout le monde.
Puis le président des Etats-Unis a annoncé, le 23 décembre, la construction d’une nouvelle classe de navires de guerre baptisée de son patronyme, et assuré qu’il veillerait à ce qu’ils soient beaux, du moins à ses yeux et si ce projet voit bien le jour. Le Trésor pourrait également faire frapper, à l’occasion des 250 ans de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis, en 2026, une pièce de 1 dollar dont les deux faces porteraient son effigie.
On peut en rire comme s’en émouvoir dans un pays né du rejet de la Couronne britannique, où le Congrès avait adopté en 1792 une loi disposant que les pièces américaines devaient comporter en tout et pour tout une allégorie de la liberté et un aigle. Il avait fallu attendre les 150 ans de cette République, en 1926, pour que le président alors en fonction, Calvin Coolidge, fasse graver son profil sur une pièce d’un demi-dollar, en arrière-plan de celui de George Washington. Cette obsession de mettre son nom partout a accompagné Donald Trump tout le long de sa carrière. Sa double élection à la présidence des Etats-Unis n’a rien changé. Son second mandat reste celui du « branding » et du placement de produits. Reçu à la Maison Blanche, le président par intérim de la Syrie, Ahmed Al-Charaa, un ancien djihadiste, a ainsi été aspergé d’un parfum Trump par son hôte.
Le président des Etats-Unis aurait tort de se priver puisque la notion de conflit d’intérêts n’existe plus à Washington. L’annonce de la réception du G20, en 2026, dans l’une de ses propriétés de Floride n’a soulevé aucune opposition, contrairement ce qui s’était passé en 2019 lorsque Donald Trump avait tenté d’organiser un sommet du G7 au même endroit. Selon The Wall Street Journal, les activités de son empire familial ont généré au moins 4 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) de recettes depuis sa réélection. Le constat est sans précédent pour un président en fonctions dont le cabinet compte un nombre record de milliardaires et de millionnaires, alors que la question du coût de la vie taraude ses concitoyens.