Radoslaw Sikorski, vice-premier ministre de Pologne : « Le défi de l’UE consiste à traduire son poids économique en influence et en leadership mondiaux »

On me demande parfois ce qui m’empêche de dormir la nuit. La réponse est relativement simple. C’est la crainte que s’effondre l’ordre international d’après-guerre, façonné par les souvenirs de la seconde guerre mondiale et le traumatisme de l’Holocauste, et fondé sur le compromis politique, le respect de la souveraineté des autres pays, le libre marché, les libertés civiles et la protection des minorités.

Le « plus jamais ça », la promesse et l’ambition de ne pas répéter les erreurs qui ont conduit à la tragédie de la seconde guerre mondiale, a façonné pendant des décennies les institutions internationales et la politique de sécurité. Mais aujourd’hui, l’influence modératrice de cette devise s’est estompée. Des foyers de tension éclatent partout dans le monde, qu’il s’agisse de la menace d’une intervention militaire américaine au Venezuela, de la guerre civile brutale au Soudan, de l’instabilité persistante au Moyen-Orient, de la guerre en Ukraine ou des tensions croissantes dans le détroit de Taïwan. Toutes ces crises ont des implications mondiales.

Face à ces multiples urgences, il n’est pas surprenant que l’Occident, au sens large, soit confronté à son plus grand défi depuis des décennies. A l’origine de ce défi se trouve un sentiment d’épuisement civilisationnel, dont nos adversaires ont pris conscience, convaincus que leur heure est venue.

Mais est-ce vraiment le cas ? Plus de 1 350 jours se sont écoulés depuis que la Russie a lancé, contre l’Ukraine, son « opération militaire spéciale » – sa guerre d’agression illégale et non provoquée. Au moins 1,4 million de soldats ukrainiens et russes ont été blessés ou tués dans les combats depuis lors, soit plus d’un millier par jour. Le régime du président russe, Vladimir Poutine, et lui seul, porte l’entière responsabilité de ce lourd bilan.

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