Depuis le matin, Mahamat Hassan n’a rien avalé. Dès son footing achevé, le jeune homme de 29 ans a filé en direction de l’école Gbaya Dombia, au cœur du quartier PK5, pressé d’accomplir son « devoir de citoyen » dès l’ouverture des bureaux de vote, à 6 heures. Voilà désormais près de trois heures qu’il patiente sous le soleil, le ventre vide, victime de ce qu’il nomme un « désagrément » : son bureau, le B02, n’a pas reçu les bulletins pour les scrutins législatif et municipal qui se déroulent en même temps que la présidentielle, ce dimanche 28 décembre - et dont les résultats ne sont pas attendus avant le 5 janvier. Des irrégularités ont aussi été constatées sur les listes ; impossible de voter pour la moitié des quelque 10 000 électeurs inscrits dans les bureaux de l’école.
Si M. Hassan, négociant en pièces détachées pour camions, se montre aussi tranquille, c’est que d’ordinaire, en période électorale, les « désagréments » sont d’une toute autre ampleur dans ce quartier musulman densément peuplé, qui est à la fois le poumon économique de Bangui et l’emblème des crises qui secouent la Centrafrique à intervalles réguliers.