A vos marques. Prêts ? Partez ! Partez pour une lecture passionnante et intense qui vous fera regarder les prochaines compétitions olympiques d’un autre œil. Grâce à un quatuor de physiciens, qui consacrent une partie de leurs recherches à différents sports, le lecteur enrichira ses connaissances et ira probablement de surprises en surprises. A condition de s’échauffer un peu les méninges, de rester bien concentré sur les raisonnements simples mais rapides et d’accepter de faire des pauses revigorantes après chaque épreuve.
Ainsi, la mécanique élémentaire et un peu de physiologie expliquent pourquoi il y a des ruptures de vitesses entre sprint, demi-fond et fond. L’aérodynamique justifie la taille des terrains de football ou de volley. Elle permet aussi de comprendre comment les règles ont changé au javelot afin d’éviter des jets trop longs. Ou encore la célèbre trajectoire du coup franc du footballeur Roberto Carlos en 1997 contre la France.
Les secrets des innovations techniques du sauteur en hauteur Dick Fosbury ou du cycliste Graeme Obree sont expliqués, avec, pour le second, le rappel cruel que ses positions acrobatiques et efficaces ont été interdites par les juges. Un chapitre original sur le tir montre que les mesures physiques peuvent révéler des aspects méconnus des sportifs eux-mêmes : le « saut de bouche », ce mouvement du canon vers le haut accompagnant le tir, est précédé d’un saut ultrabref vers… le bas.
Athlétisme, courses, voile, natation… tout y passe. Et même des sports plus inattendus dans ce genre d’exercice, comme le pentathlon ou le handisport. Les auteurs surprennent aussi en osant des calculs d’ordre de grandeur grâce à la physique. La force mentale de Graeme Obree lors de son record du monde de l’heure est ainsi estimée, traduite en masse, à un kilogramme… Ils démontrent aussi le « théorème de Chapatte », qui dit qu’à dix kilomètres de l’arrivée avec une minute d’avance un cycliste échappé ne peut être rattrapé.
Pour suivre, le lecteur ne devra pas se perdre entre force, puissance et énergie, qui sont les concepts récurrents de ces récits, bien illustrés de photographies, de schémas et parfois d’un mélange des deux. Le ton se veut léger, tentant même de se rapprocher du style du commentateur sportif à la verve débridée, osant quelques calembours (ah, « le Celte se dissout »…). Mais l’ensemble est sérieux. D’une part, car les chapitres s’appuient sur de la littérature scientifique, y compris récente. D’autre part, car les auteurs sont engagés depuis plusieurs années pour améliorer les performances de sportifs français. L’un d’eux, Christophe Clanet, a été moteur pour lancer un vaste programme de recherche national, Sciences 2024, afin de rapprocher fédérations sportives et scientifiques pour optimiser les gestes, le matériel, les tenues, les stratégies… en vue de gagner les précieux centimètres ou dixièmes de seconde. Verdict dans quelques semaines.