Bas Devos, réalisateur de « Here » : « Arpenter la ville est une façon de dénicher des histoires »

Bas Devos, réalisateur de « Here » : « Arpenter la ville est une façon de dénicher des histoires »

Avec quatre longs-métrages à son actif, le cinéaste belge flamand Bas Devos, 41 ans, s’est creusé une place dans les festivals internationaux, et commence à s’en faire aussi une sur les écrans français. Here, le deuxième de ses films qui nous parvient, narre la rencontre, dans un Bruxelles estival et ralenti, de Stefan, ouvrier roumain en vacances, et Shuxiu, botaniste spécialisée dans l’étude des mousses. Même à travers l’écran de visioconférence, le cinéaste aux airs juvéniles, casquette vissée sur le crâne, sait captiver par cette infinie douceur que l’on reconnaît aussi dans ses films.

Je suis né en Flandre, dans le nord de la Belgique, à la frontière avec les Pays-Bas. Je n’ai jamais bien su ce que je voulais faire. Dans ma jeunesse, je dessinais tout le temps. J’ai pensé un moment faire de la bande dessinée, mais y ai renoncé faute de talent. A 18 ans, en 2001, je suis entré à l’école de cinéma de Sint-Lukas, à Bruxelles. Je n’avais aucune culture cinéphilique « légitime » et ne jurais que par Quentin Tarantino ou Werner Herzog. J’ai eu le déclic en tournant un court-métrage à fin ouverte. Il n’était peut-être pas très bon, mais il m’a permis de m’interroger sur les standards de narration. Depuis, je travaille toujours à la lisière du narratif et du non-narratif.

J’habite Bruxelles depuis vingt-trois ans maintenant. J’ai mis du temps à m’y sentir comme à la maison, à appartenir à Bruxelles autant que Bruxelles m’appartient. La présence de la ville dans mes films est liée à ma façon de travailler, qui consiste à ne filmer que des gens, des endroits ou des choses que j’aime ou connais bien. Tout part des lieux, qui, pour moi, contiennent toujours en creux le début d’une histoire. Pour Here, par exemple, j’avais repéré un petit restaurant chinois qui ne paie pas de mine, mais beau, et c’est de là que m’est venue l’idée du personnage de Shuxiu. Je ne conduis pas, donc je me déplace uniquement en transports publics, à vélo ou à pied. Arpenter la ville, c’est une façon de dénicher des histoires. Il m’arrive souvent de prendre le métro sans destination, juste pour regarder les gens. Ghost Tropic était né comme ça : de l’observation des passagers qui s’endorment dans le métro.

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