Après le retrait de Joe Biden, largement salué par la classe politique américaine comme un acte final de dévouement à son parti, l’heure est au bilan du président sortant. Les lois adoptées depuis 2021 servent l’électorat des démocrates, qui comprend les syndicats, les électeurs jeunes, racisés, les femmes, ceux ayant un haut niveau d’éducation, et ceux vivant dans les centres urbains et les Etats côtiers.
Biden peut se vanter d’avoir fait voter de larges investissements dans l’infrastructure. Le gouvernement fédéral a promis plus de 66 milliards de dollars [environ 61 milliards d’euros] pour le ferroviaire, 50 milliards pour l’hydraulique, et plus de 40 000 chantiers ont démarré dans le pays. L’administration a également forcé les compagnies pharmaceutiques à réduire le prix des médicaments.
Le président a contraint les plus modérés du parti à prendre en compte les attentes des jeunes électeurs, notamment sur la dette étudiante et le climat. Le gouvernement fédéral s’est engagé à réduire les émissions carbone de moitié d’ici à 2030, et Biden a rétabli une majorité des protections pour les espèces menacées qui avaient été retirées par Trump.
Le Congrès a agi en faveur des couples gays et mixtes. Les démocrates s’appuient aussi sur le soutien des femmes, un électorat fortement courtisé après la décision de la Cour suprême en 2022 sur l’avortement. L’administration a défendu l’accès aux contraceptifs et à la pilule du lendemain et a poursuivi en justice les Etats les plus restrictifs. Biden est également entré dans l’histoire judiciaire en nommant Ketanji Brown Jackson, la première femme noire à la Cour suprême.
Néanmoins, le parti souffre de plusieurs points faibles. L’élan de soutien du public envers l’Ukraine s’est largement essoufflé depuis 2022. Les sondages récents montrent que les problèmes du quotidien, comme le pouvoir d’achat, intéressent davantage. Malgré le ralentissement de l’inflation en 2024, le public américain a une vision largement pessimiste de l’avenir.
Plus inquiétant pour les démocrates, les jeunes électeurs semblent moins enclins à voter qu’en 2020, et le parti perd du terrain auprès des hommes noirs et latinos. Enfin, les responsables de l’insurrection du 6 janvier 2021, lorsque des partisans de Trump sont entrés de force au Capitole pour contester les résultats de l’élection présidentielle de 2020, peinent à être condamnés.
Certes, les démocrates ont pu arrêter la « vague rouge » républicaine des élections de mi-mandat en 2022 et ont conservé la majorité au Sénat. Et certes, pendant quatre ans, Biden a réussi à faire accepter les compromis pour lesquels il s’est fait connaître pendant ses années au Sénat. Mais ces compromis ont mis en lumière des divisions entre l’aile gauche, menée par les représentantes Pramila Jayapal et Alexandria Ocasio-Cortez, et les plus modérés, tels que le représentant Josh Gottheimer et le sénateur Joe Manchin. L’aile progressiste voulait un congé parental payé, le développement de classes maternelles publiques, et des formations pour les travailleurs – dont ne voulaient pas les centristes, qui ont eu gain de cause. Le parti s’est aussi fracturé sur la question du soutien à Israël et sur l’immigration.