« A la veille de l’élection du 5 novembre, un autre Trump que celui de 2017 se présente devant les électeurs »

Donald Trump n’avait pas sonné à la porte d’entrée du Parti républicain en attendant patiemment qu’on lui ouvre, il y a neuf ans. Il y avait pénétré en fracassant le vantail et en posant ses pieds sur le bureau. Cette prise du Grand Old Party à la hussarde était celle d’un franc-tireur parti en guerre contre les « élites », bien que milliardaire, seul contre tous. Il s’agissait d’un rôle sur mesure pour celui qui s’était réinventé dans la télé-réalité. L’homme d’affaires en quête de l’investiture républicaine ne s’était même pas présenté, en mars 2016, à la grand-messe annuelle des conservateurs, la Conservative Political Action Conference. Sans doute aussi de peur d’y être mal reçu, compte tenu de la grande modestie, à l’époque, de ses lettres de créance.

Dans son discours du 20 janvier 2017 sur le « carnage » américain, prononcé lors de sa prestation de serment (dans lequel il s’engageait à défendre la Constitution devant le Capitole, là où ses partisans sèmeraient le chaos un peu moins de quatre ans plus tard), Donald Trump s’en était pris à « une petite élite de la capitale de [leur] pays » qui avait, selon lui, « profité des avantages de [leur] gouvernement, pendant que le peuple en faisait les frais ». « L’establishment s’est protégé lui-même, mais il n’a pas protégé les citoyens de notre pays. Leurs victoires n’ont pas été les vôtres. Leurs triomphes n’ont pas été les vôtres », assurait-il. Cette stigmatisation ne se limitait pas au camp démocrate, elle s’étendait également aux républicains du Congrès.

Une fois installé à la Maison Blanche, Donald Trump a pratiqué la rupture avec constance. Rupture avec le logiciel républicain, précipitée dès ses premiers décrets présidentiels, avec notamment l’apostasie du libre-échange. Rupture avec l’exercice conservateur du pouvoir, par le biais de la promotion d’un réseau social (Twitter, devenu X) comme organe exécutif échappant à toute forme de contrôle, avec le recours permanent à l’insulte, à la stigmatisation des adversaires et à la dissémination des mensonges et des contrevérités.

A la veille de l’élection du 5 novembre, un autre Donald Trump se présente désormais devant les électeurs. Le caractère immuable de ses meetings politiques, même s’ils sont souvent plus erratiques, la permanence dans le dénigrement de son adversaire démocrate, Kamala Harris, abreuvée d’injures sans que plus personne dans le camp républicain songe à s’en émouvoir, ne doivent pas masquer une évidence : la transformation d’un boutefeu antisystème en centre autour duquel s’organisent désormais son propre establishment et sa propre élite.

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