Peut-être faut-il commencer par les regrets. Cela aurait eu du panache de planter une « forêt » sur le toit du centre commercial de la Part-Dieu, à Lyon, à l’image de celle sur le Depot, le bâtiment iconique de Rotterdam (Pays-Bas) qui accueille les réserves du Musée Boijmans Van Beuningen. Mais l’architecte Winy Maas s’est heurté à des habitudes bien ancrées : « Carrefour tenait à son parking de plein air. C & A a refusé de déplacer l’entrée de son magasin. » Le béton n’était par ailleurs pas assez solide. Le cofondateur de l’agence néerlandaise MVRDV se réjouit malgré tout. Les quatre escaliers qui gravissent la « grande boîte blanche », propriété d’Unibail-Westfield-Rodamco, ont transformé un parking géant en un lieu de rencontres avec arbustes, terrasses et Accrobranche. Les choses bougent, à leur rythme. Il suffit de recenser, de ce nouveau belvédère, les grues dressées tout autour et les rues en chantier.
C’est que l’on ne transforme pas en trois ans, ni même en une seule fois, un quartier d’affaires des « trente glorieuses », deuxième de France après la Défense, pensé pour la voiture, avec un centre commercial comme épicentre. Le XXe siècle a posé là, sur le site d’une caserne, tous les symboles de puissance et de modernité de ces années où tout était encore possible : des sièges de banque, une cité administrative, une gare TGV, des tours de bureaux, un mall (« centre commercial »), et de longues barres de logements. Le tout sur dalle, pour laisser les voitures filer au-dessous.
Il a fallu des décisions fortes pour que le quartier change de modèle, prenne le virage du XXIe siècle, et prouve qu’il est possible non seulement de réhabiliter des tours et du béton sans tout faire disparaître, mais aussi de faire se côtoyer bureaux et logements, dont un bon nombre pour les moins fortunés.