Il est 14 heures cet après-midi de janvier, le tableau blanc de la classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) économique et commerciale, réservée aux titulaires d’un bac « pro » du lycée de la Venise-Verte, à Niort, est noirci d’équations. En haut à droite, une phrase du philosophe Louis Lavelle (1883-1951) donne le « la » du cursus : « Le plus grand bien que nous puissions faire aux autres n’est pas de leur communiquer notre richesse mais de leur révéler la leur. »
La sonnerie qui marque le changement de cours tintinnabule. Un étudiant fixant ses notes se presse la tête entre les mains comme pour y faire entrer de force la solution au dernier exercice. Dans un désordre bien réglé, les classeurs virevoltent, mais les calculatrices restent. Les étudiants sont à présent en cours d’économie.
Il y a seulement quelques mois, ces deux matières étaient quasiment inabordées par Fabien Capillon, 18 ans, titulaire d’un bac métiers de la relation client ; idem pour Argishti Kirakosyan, même âge, bac logistique, ainsi que pour l’ensemble de la classe qui compte une douzaine d’étudiants. Tous sont fraîchement sortis de différentes voies professionnelles et partagent une même ambition : intégrer une grande école de commerce.
Hisser académiquement des lycéens issus de la voie professionnelle pour les faire concourir aux côtés des meilleurs de la voie générale est un pari que ne relève qu’une poignée d’établissements : le lycée Ampère à Lyon, Jean-Perrin à Marseille, René-Cassin à Strasbourg et la Venise-Verte, à Niort, pour la filière économique et commerciale.