« On peut attendre de la visite d’Ursula von der Leyen en Inde davantage de clarté sur le front russo-ukrainien »

Les 27 et 28 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devait se rendre à New Delhi accompagnée des 26 autres commissaires européens. Cette visite vise à relancer le partenariat stratégique entre l’Union européenne (UE) et l’Inde – une nouvelle fois, car, depuis sa création, en 2003, ce partenariat a connu bien des ratés, à commencer, entre 2007 et 2013, par l’échec des négociations commerciales qui devaient déboucher sur un traité de libre-échange.

En 2022, des pourparlers ont repris, mais ils se heurtent aux mêmes obstacles, notamment le protectionnisme indien et le refus de l’UE de délivrer davantage de visas aux Indiens. Peut-être la visite à venir sera-t-elle l’occasion d’aboutir sur ce point, mais sans doute au minimum, étant donné l’ampleur des différends.

Que peut-on attendre d’autre de cette visite ? Davantage de clarté sur le front russo-ukrainien d’abord, à l’heure où l’Europe doit compter ses amis à propos de ce dossier qui, aujourd’hui, domine tous les autres. Jusqu’à présent, l’UE a fait preuve d’une certaine candeur quant aux relations que l’Inde entretient avec la Russie et ne lui a pas tenu un langage de vérité sur l’Ukraine. L’Europe s’attendait à ce que New Delhi condamne l’invasion : rien de la sorte n’a eu lieu, l’Inde se contentant de s’abstenir à l’ONU presque à chaque fois que la question a été soulevée [comme elle l’a fait, le 24 février]. L’Inde a aussi contourné les sanctions imposées par les Occidentaux en important du pétrole russe de la façon la plus massive qui soit.

L’Inde explique qu’elle est empêchée de s’opposer à la Russie par sa dépendance militaire envers Moscou, mais elle fait peu d’efforts pour s’en émanciper. Elle souhaite en fait voir la Russie rester forte et continuer ainsi à rendre le monde le plus multipolaire possible – elle y voit la garantie que New Delhi pourra jouer une puissance contre l’autre. Faire évoluer la posture indienne sur la question ukrainienne, alors que des négociations de paix pourraient figurer sur la liste des ambitions européennes, ne serait-ce que pour prendre acte – courageusement – d’un désaccord, risque d’être particulièrement délicat.

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