Avec ce livre intitulé Une minute de danse par jour. 2015-2025. Dix ans d’une œuvre pour notre temps (Les Presses du réel, 304 pages, 30 euros), la danseuse et chorégraphe contemporaine Nadia Vadori-Gauthier fête une décennie de performance quotidienne in situ. Depuis le 14 janvier 2015, une semaine après l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo, elle réalise « une minute de danse par jour » dans différents endroits, selon ses activités du moment. Elle qui pensait ne tenir qu’un an à ce rythme drastique additionne 3 654 danses, dans les rues, les parcs, les magasins, les écoles. Le 14 janvier, pour sa 3 654e et ultime danse publique, elle dialoguait avec un séquoia de l’arboretum de la Vallée-aux-Loups, à Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine), après avoir célébré la veille la pleine lune sur le quai de Tolbiac, à Paris.
Avec plus de 400 photos éclatantes de couleurs, issues des vidéos qu’elle réalise en direct pendant chacune de ses « minutes », ce livre navigue entre l’album d’images et le recueil d’analyses. Elles sont écrites par Nadia Vadori-Gauthier elle-même, tandis que la chercheuse Joanne Clavel signe l’introduction et le comédien Lucas Hérault la postface. Onze chapitres scandent la démarche de l’artiste en déclinant les contextes et les enjeux de ces impromptus chorégraphiques.
Le chapitre intitulé « Fluctuat nec mergitur » [devise de la capitale que l’on peut traduire par « il est battu par les flots, mais ne sombre pas »] témoigne de son implication dans les multiples événements se jouant à Paris, dont l’incendie de Notre-Dame, tandis que « Déserts d’état d’urgence » s’attarde sur le contexte instable de la pandémie. « Au croisement des routes » retrace son parcours et l’enracinement d’une pratique qu’elle décrit comme « interstitielle, entrelacée au mouvement continu des êtres et des choses ». Passée par le classique entre 5 ans et 16 ans, elle évoque cet apprentissage par mimétisme qu’elle abandonne pour des études d’arts plastiques et des cours de danse jazz et de contemporain. Elle fonde sa première compagnie, Les Souliers rouges, en 2003, puis créé l’association Le Prix de l’essence sept ans plus tard. Performeuse au sein du Corps collectif, elle s’investit parallèlement dans des spectacles, des ateliers et de la recherche.