Les visiteurs qui se bousculaient, le 22 février, dans le parc national de Yosemite (Californie) pour apercevoir l’attraction de l’hiver – le coucher du soleil qui illumine Horsetail Falls et donne à la chute d’eau l’allure d’une cascade de lave en fusion – ont eu la surprise d’apercevoir un immense drapeau américain à quelques centaines de mètres de l’objet de leur fascination. Drapeau déployé à l’envers, un signe de détresse ou de protestation.
Six employés du parc avaient descendu la falaise en rappel pour accrocher l’étendard de 9 mètres sur 15 à la paroi de granite d’El Capitan, à 900 mètres au-dessus du sol. Ils essayaient d’alerter leurs compatriotes sur les conséquences, pour la protection de la nature, des coupes budgétaires – à la tronçonneuse – décidées par l’administration Trump dans les effectifs des parcs et du service des forêts. Le geste a porté. La bannière aux étoiles renversées était omniprésente le 1er mars dans les manifestations organisées devant 170 des 433 parcs, à l’initiative du groupe Resistance Rangers. Une nouvelle marche est déjà prévue le 15 mars, à Washington.
Un exemple parmi d’autres. Chaque jour, ou presque, des manifestations ont lieu aux Etats-Unis contre la brutalité des décrets de l’administration Trump. Artisanales, peu visibles, parfois composées de quelques individus à un carrefour (« La planète plutôt que le profit ! ») ou devant un concessionnaire Tesla. La « résistance » 2025 est un phénomène éclaté. Ici, à Des Moines (Iowa), plusieurs centaines de manifestants affichent leur solidarité avec les personnes transgenres. Là, dans le Vermont, un millier d’habitants protestent contre l’arrivée de J. D. Vance et sa famille : « Va faire du ski en Russie ! » Mardi 4 mars, le mouvement 50501 (50 Etats, 50 manifestations, 1 jour), inconnu il y a deux mois, appelait à des rassemblements pendant le discours de Trump devant le Congrès.