On a les victoires qu’on peut. Devant ses visiteurs, François Bayrou scande chaque étape de son séjour à Matignon d’une façon peu ordinaire. « J’ai passé [Michel] Barnier ! », lance-t-il, un jour de mars, à l’un d’entre eux – son prédécesseur avait été renversé au bout de trois mois et huit jours. « Depuis trois jours, j’ai passé [Bernard] Cazeneuve [premier ministre pendant cinq mois et neuf jours] », se félicite le premier ministre devant un autre, en mai. François Bayrou a désormais bon espoir de franchir, au creux de l’été, le cap des sept mois et vingt-sept jours, au terme desquels Gabriel Attal a dû quitter son fauteuil. Et de pouvoir se gargariser, le 18 septembre, d’avoir égalé son illustre modèle, Pierre Mendès France, président du Conseil (1954-1955) durant huit mois et cinq jours sous la IVe République.
Mais l’étau se resserre au fil des jours sur le premier ministre. « Tout le monde me menace », a-t-il reconnu, dimanche 29 juin, sur RTL. A la suite de l’échec du conclave sur les retraites, il fera l’objet, mardi 1er juillet, d’une motion de censure déposée par les socialistes. Un tournant, alors que ces derniers faisaient preuve d’une relative retenue à l’égard du locataire de Matignon depuis leur décision de ne pas censurer le budget 2025, moyennant quelques concessions. Mais depuis, le dialogue a été rompu.