L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis plus de sept mois a été condamné en appel mardi 1er juillet à 5 ans de prison et 500 000 dinars d’amende, confirmant la peine de première instance du 27 mars.
Le parquet avait requis 10 ans de prison. Il est notamment reproché à Boualem Sansal des déclarations en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières, où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.
Il a été accusé d’« atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ». Le procès en appel a eu lieu aussi bien à la demande de l’écrivain que du parquet, qui avait déjà requis dix ans en première instance. M. Sansal avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion par le tribunal de Dar El Beida, près d’Alger
L’écrivain, âgé de 80 ans et atteint d’un cancer de la prostate, selon ses proches, fait l’objet d’une âpre lutte diplomatique entre l’Algérie et la France depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024. Le premier ministre français François Bayrou a affirmé mardi espérer « des mesures de grâce » du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
« La situation que Boualem Sansal subit est une situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre. Maintenant qu’il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises », a déclaré le chef du gouvernement français en marge d’un déplacement au ministère de l’intérieur sur la canicule. « Je ne veux gâcher aucune chance d’ici la fin de la semaine pour que Boualem Sansal puisse être libéré », a ajouté le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau.
Interrogé pendant son procès en appel sur sa déclaration sur les frontières, M. Sansal a répondu : « je ne fais pas que de la politique. Je m’exprime aussi sur l’histoire », invoquant le droit garanti par la Constitution « à la liberté d’expression ».
L’affaire Sansal a envenimé une brouille entre Paris et Alger déclenchée en juillet 2024 par la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
Depuis, les deux pays traversent une crise diplomatique sans précédent, marquée par des expulsions de diplomates de part et d’autre, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et un gel de toutes les coopérations.
Le 6 mai, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution appelant à la « libération immédiate » de l’écrivain, et à subordonner au respect des « engagements internationaux en matière de droits humains » toute « coopération renforcée » entre l’Algérie d’une part, la France et l’Europe de l’autre.