L’académicienne Florence Delay, lauréate du prix Femina en 1983 pour « Riche et légère », est morte

L’universitaire et romancière Florence Delay est morte à l’âge de 84 ans, mardi 1er juillet, a annoncé l’Académie française, où elle avait été élue en 2000, qui fait part de « la tristesse » partagée par le secrétaire perpétuel, Amin Maalouf, et les membres de l’Académie. Le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, a rendu hommage, sur X, à cette « Bayonnaise d’âme et d’esprit (…) [qui] incarnait l’art de la joie, l’élégance du verbe, et fit entrer au dictionnaire ce mot précieux : convivance ».

Née à Paris le 19 mars 1941, elle se prend de passion, alors étudiante, pour Federico Garcia Lorca, passe l’agrégation d’espagnol, s’oriente vers la littérature générale et comparée, qu’elle enseignera à la Sorbonne. Sa passion pour l’espagnol lui venait de vacances passées, enfant, à Bayonne, chez son grand-père, Maurice Delay, chirurgien et homme politique qui fut le maire de cette ville de 1947 à 1958.

« Je voulais faire du théâtre (…), mais mon père m’a mis un marché en mains : si je choisissais l’agrégation d’espagnol, tradition familiale, il m’offrait un studio. Très bonne décision, au fond, car j’ai pu exercer un métier magnifique, l’enseignement. Je remercie mon père », a-t-elle dit.

C’est grâce au cinéma qu’elle fit d’abord parler d’elle : à 20 ans, Robert Bresson la rencontre et lui donne le rôle-titre dans son film Le Procès de Jeanne d’Arc, sous le nom de Florence Carrez. « Florence Delay a cette grâce intemporelle, une féminité légère, vibrante, une spontanéité juvénile (…) qui sont autant de nuances perceptibles dans les fulgurantes répliques du “Procès” », écrivait Le Figaro à propos de son jeu. Le Monde soulignait « l’eau lisse du visage de Florence Carrez, qui incarne la sainte, le masque impassible de ses bourreaux et, lorsqu’ils s’affrontent, le débit régulier, comme scandé par un métronome, des questions et des réponses ». On la verra ensuite dans une poignée de films, dirigée par Chris Marker, Benoît Jacquot ou Michel Deville.

En 1973, elle publie son premier roman, Minuit sur les jeux, évoquant un thème qui va être un leitmotiv de livres à venir, l’amour courtois. Puis elle obtient le prix Femina en 1983 pour Riche et légère, le prix François-Mauriac en 1990 pour Etxemendi, le grand prix du roman de la Ville de Paris en 1999 et le prix de l’Essai de l’Académie française pour Dit Nerval. Il s’agit d’un hommage indirect à son père, écrivain et grand psychiatre, ainsi que fervent lecteur de Gérard de Nerval.

Membre correspondant en France de la Real Academia Española (équivalent espagnol de l’Académie française), Florence Delay a traduit des textes, entre autres, de Lorca, José Bergamin ou Ramon Gomez de la Serna.

Elle avait été stagiaire de Jean Vilar au Festival d’Avignon et assistante de Georges Wilson au TNP au début des années 1960. Pour la scène, elle a notamment traduit La Célestine de Fernando de Rojas, mise en scène par Antoine Vitez en 1989. Elle a composé, avec le poète Jacques Roubaud, un cycle de dix pièces intitulé Graal théâtre, parues entre 1977 et 2005.

Son dernier essai original paru, Il n’y a pas de cheval sur le chemin de Damas (2021, Seuil), est une plongée dans l’imagerie chrétienne et littéraire. Mariée au producteur Maurice Bernart, elle était la sœur de Claude Delay (née en 1934), psychanalyste et autrice de romans et de biographies sur Coco Chanel, la poétesse russe Marina Tsvetaïeva ou les frères Alberto et Diego Giacometti).

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