Antoine Tribout, sac à dos de 44 litres sur le dos, est presque prêt. Il enfile ses santiags noires et claque la porte de son 13 mètres carrés aux Buttes-Chaumont, à Paris. Bien content de quitter la canicule, il trottine jusqu’à la gare de l’Est. Le bibliothécaire de 26 ans habite depuis trois ans dans la capitale. « C’est rare, mais j’ai réussi à poser huit jours », se réjouit-il. Pour rejoindre son village natal, Mussy-l’Evêque, en Moselle, il faut compter une heure et demie de train, puis vingt-cinq minutes de voiture « sur des routes bien étroites où tu serres les fesses si tu croises quelqu’un », plaisante-t-il. Là-bas, son oncle Gilles Weiland l’attend pour une partie de pêche et ses parents, Florence et Rémy, tous deux professeurs d’histoire-géographie, pour fêter son anniversaire.
Rentrer est un soulagement. Antoine aime bien « l’effervescence et le foisonnement culturel de la vie parisienne », mais les grands espaces lui manquent. Comme tous ses amis avant lui, il est parti pour trouver du travail, après un master d’histoire de l’art à l’université de Nancy. Pour beaucoup de jeunes ruraux, la poursuite des études après le bac signifie un départ : dans 7 cas sur 10, la formation visée se situe dans une grande ville. Au sortir du collège, 45 % de ces jeunes expriment l’envie de vivre ailleurs, chiffre qui grimpe à 59 % chez les élèves de terminale, selon le rapport de l’Institut Terram publié en mai 2024.