La designer Léa Zeroil puise dans de souverains souvenirs

« Où l’as-tu chiné ? » Cette simple question posée à Léa Zeroil à la vue d’une de ses pièces est l’un des meilleurs compliments que l’on puisse faire à la designer. « Cela veut dire que l’objet transmet quelque chose qui relève du souvenir. J’aime ce qui a une histoire, ce qui est éprouvé », explique la créatrice de 33 ans.

Ses souvenirs prennent racine dans la Balagne, en Corse, où elle a grandi entourée d’objets : ceux vendus par sa mère dans l’une des premières boutiques de décoration de l’île, fondée par une grand-mère passionnée de mobilier. Et ceux de son père, importateur d’artisanat marocain.

Jeune adulte « rêvant » de Paris, elle intègre les écoles d’arts appliqués Duperré et Olivier de Serres, fait ses classes auprès de deux figures de l’architecture et de la décoration d’intérieure, India Mahdavi et Laura Gonzalez, avant de lancer ses propres collections, en 2020.

Ces « strates d’influences » se glissent dans des objets et un mobilier aux noms voyageurs (Thèbes, Saba, Cairo…), traversés de cerclages et d’arabesques : des colonnes égyptiennes inspirent une applique en céramique, la sculpture antique façonne un tabouret-animal monolithique, les bénitiers des églises corses se mêlent aux motifs des moucharabiehs dans un bougeoir mural…

Chaque pièce est l’occasion d’une collaboration sensible avec un ou plusieurs artisans d’art. « Je suis fascinée par le travail des artisans sans qui les objets n’existeraient pas : l’infinie précision d’un ciseleur, les textures obtenues par un maître verrier, la capacité d’un ferronnier à défier la matière… Je n’imagine rien sans eux ! », dit la designer, qui passe « beaucoup de temps » sur Instagram pour repérer les talents qui l’entourent.

Elle a récemment cosigné une collection (applique, console, vase, bougie) née d’une résidence à la faïencerie de Gien, où pampilles, volutes de fer forgé et médaillons d’or composent un « mobilier-bijou ». Chaque année, elle rhabille le bois laqué de son premier tabouret d’un savoir-faire différent : recouvert d’une marqueterie de paille, brodé de 16 700 perles ou peint à la main de la spirale d’un nautile – symbole de son studio.

Dans une cour du quartier parisien du Marais, Léa Zeroil a ouvert en 2024 la Galerie Oasis, avec son ami le designer Robin Costes. Une petite pièce transformée en abri nomade tendu de tissus pour sa dernière scénographie. Pour la Design Week (du 4?au 13 septembre), elle y présentera l’exposition « Là où naissent les mirages », où elle déclinera quatre mondes, peuplés de pièces issues d’une vingtaine de collaborations.

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