Les amateurs de précieuses bouteilles de bordeaux auront peut-être été avisés d’acheter ce printemps le millésime 2024, vendu en primeur. Les prix, plus attractifs, avaient de quoi les inciter à franchir le pas. Ils ne se sont toutefois pas bousculés au portillon. Un revers pour beaucoup de châteaux prestigieux et de maisons de négoce. Les grands crus bordelais ne sont plus immunisés face à la crise viticole.
« J’ai connu des époques où tout était vendu en une demi-journée. Cette année, même en laissant du temps, nous ne ferons pas la totalité des objectifs », reconnaît François-Xavier Maroteaux, propriétaire du Château Branaire-Ducru et président de l’Union des grands crus de bordeaux. Même s’il est encore trop tôt pour tirer un bilan définitif, les ventes s’échelonnant jusqu’à mi-juillet voire jusqu’en septembre, l’heure n’est pas vraiment aux réjouissances. « A l’échelle des bordeaux, cette campagne est l’une des plus compliquées depuis longtemps », affirme M. Maroteaux.
Pourtant, après la traditionnelle période de dégustation où grands clients et prescripteurs du monde entier débarquent à Bordeaux pour découvrir le vin de la nouvelle récolte, pontet-canet, cru classé en AOC pauillac, tirait le premier, fin avril, et donnait le ton. La campagne de mise en marché du millésime 2024 était placée sous le signe de la baisse des prix. La bouteille de pontet-canet s’affichait ainsi au tarif de 84 euros, à comparer aux 92 euros un an plus tôt. « Le prix des grands crus classés a baissé en moyenne de 15 à 20 % en 2024 », estime M. Maroteaux. Et ce, après un repli déjà amorcé en 2023 alors que le marché des belles bouteilles commençait à toussoter.