Est-ce bien raisonnable de… porter des sabots ?

Parmi tous les profils de voisins pouvant faire basculer la vie en copropriété de simplement pénible à tout bonnement cauchemardesque, le plus redoutable n’est pas celui que l’on croit. Plus encore que le fêtard invétéré ouvrant chaque samedi soir ses fenêtres pour partager son goût du rap français, que le sportif enchaînant de lourdes séries de burpees dans son salon ou même que l’ami des bêtes à la tête d’une meute de chiens braillards, la propriétaire de sabots incarne, en immeuble, le mal absolu.

En effet, si ces souliers existent désormais dans une variété de versions fashion, de nombreux modèles se caractérisent encore par leur semelle de bois épaisse, marquant chaque pas d’un bruit semblable à celui émis par les coups de bâton donné, au théâtre, avant le début d’une représentation.

Ainsi, vivre au-dessous d’une amatrice de sabots ne pratiquant pas l’abstinence en intérieur peut rapidement vous donner l’impression d’avoir pris un billet pour une pièce dramatique vouée à ne jamais démarrer.

Mais, dans sa grande générosité, la propriétaire de sabots limite rarement les dégâts sonores qu’elle cause à ses seuls voisins du dessous. Chaque matin, pour peu qu’elle préfère dévaler l’escalier quatre à quatre plutôt que prendre l’ascenseur, elle emplit les parties communes d’un bruit susceptible de saboter (tiens, tiens) la grasse matinée des lève-tard et donne aux autres l’impression que des travaux au marteau-piqueur démarrent dans l’immeuble.

Ainsi, au-delà de toute considération esthétique (nous n’avons rien dans l’absolu contre les sabots) et à moins que vous n’habitiez au rez-de-chaussée, nous ne saurions trop vous conseiller de bien réfléchir avant d’en acheter. Si vous avez déjà senti monter en vous l’exaspération en entendant dans la rue une moto trop pétaradante ou un camion poubelle vidant une colonne à verre, vous-même saurez que la raison impose de ne pas rajouter du bruit au bruit.

Encore plus que du savoir-vivre en société, tout cela relève du bon sens. Apparus en France entre?1480 et?1520, les sabots, rustiques, solides et peu chers, ont en effet été pensés pour être portés par les paysans et les artisans, à la campagne, dans les champs ou les ateliers. Leur place n’a jamais été en ville, dans des immeubles mal isolés, à vos pieds et, surtout, au-dessus de nos têtes.

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