Ce vendredi 4 juillet, la chaude soirée d’ouverture du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, dont la 77e édition promettait un très attendu Don Giovanni, de Mozart, a accueilli un spectacle glaçant, plongeant la huitième production de cet opéra emblématique du festival, dans le néant et l’obscurité. Pari audacieux pourtant, que celui tenu par feu Pierre Audi, brutalement disparu le 3 mai, que d’offrir ses débuts lyriques au metteur en scène de théâtre britannique Robert Icke, génie de 38 ans prophète en son pays (son travail sur L’Orestie, d’Eschyle, lui a valu en 2016 un prestigieux Laurence Olivier Award), jusqu’alors quasi inconnu en France. Audacieux, mais raté.
« Qui est mort, vous ou le vieux ? » Cette réplique disruptive du valet Leporello alors que Don Giovanni vient de tuer en duel le Commandeur dont il a violé la fille, illustre généralement le balancier entre tragique et comique du dramma giocoso voulu par Mozart et son librettiste Da Ponte. Robert Icke s’interroge cependant. Qui est mort ? Personne. Ou plutôt les deux, ainsi que le montrera, durant l’ouverture, un vieux commandeur en costume victime d’une crise cardiaque, écoutant Mozart sur un vieil électrophone, et dont l’agonie verra défiler la vie du Don Giovanni qu’il a été.