An-Xuân Cam est née en 1985 à Poitiers. Avant sa naissance, ses parents, induits en erreur par une échographie inexacte, projettent de lui donner un prénom masculin, Pierre. Sa mère, Danielle, accouche finalement d’une fille. Son père, Chan, qui était originaire du Vietnam, lui donne alors un prénom vietnamien improvisé, An-Xuân. Sa sœur, Mai-Linh, porte également un prénom vietnamien. Le seul garçon de la fratrie, Philippe – qui a témoigné dans le cadre de cette rubrique –, porte un prénom français. Comment expliquer cette différence ? « Je pense que mon père avait besoin de montrer, par l’intermédiaire de ses filles, qu’il avait des origines vietnamiennes, avance An-Xuân. Pour lui, ce prénom était une force, pour nous démarquer, pour forger notre caractère. » A l’inverse, juge-t-elle, peut-être considérait-il qu’un prénom vietnamien pouvait être handicapant pour un garçon.
Son prénom la rattache mécaniquement au pays de naissance de son père. Plus jeune, cette proximité ne provoque pas de rapprochement affectif avec ses origines vietnamiennes. « J’ai toujours été connectée à mes origines, mais à des origines que je ne comprenais pas vraiment. A part le karaoké et la cuisine, mon père ne nous parlait pas du Vietnam. »