« Le droit international humanitaire est à l’agonie »

Le numéro deux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Pierre Krähenbühl, appelle les Etats, y compris occidentaux, à se ressaisir, au risque que les notions élémentaires du droit international humanitaire acquises au lendemain de la seconde guerre mondiale finissent par perdre leur raison d’être.

Nous constatons un double phénomène, inédit à cette échelle : la prolifération du nombre de théâtres de conflits et l’allongement de leur durée. Les guerres ne se terminent plus. Il y a une sorte de paradigme de gestion de crise qui s’est installé, plutôt que de prévention et de résolution des conflits. Aussi, la question que nous sommes bien obligés de soulever est la suivante : sommes-nous en réalité en train d’accepter de vivre dans un monde où la guerre redevient une voie de premier recours, où elle peut se mener sans limites ?

La plupart des conflits dans lesquels intervient le CICR durent depuis des décennies, or cela n’a jamais été l’idée d’origine de l’action humanitaire. En parallèle, nous remarquons que le droit international humanitaire [dont le CICR est le gardien, au titre des conventions de Genève de 1949] fait l’objet d’un laxisme grandissant. Si ce que nous avons sous les yeux à Gaza, au Soudan, dans l’est du Congo et en Ukraine est l’avenir de la guerre, alors il y a de quoi être préoccupé par l’abandon des règles de base les plus élémentaires. Le droit international humanitaire n’est pas une abstraction, une récitation d’articles pour se donner bonne conscience. Nous parlons de la différence entre la vie et la mort de civils, la torture ou le bon traitement des prisonniers de guerre.

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