L’entrée en vigueur des droits de douane voulus par Donald Trump est reportée de quelques semaines. « Le président va signer un décret exécutif aujourd’hui [lundi 7 juillet] pour repousser la date limite du 9 juillet au 1er août » pour ses droits de douane les plus punitifs, a annoncé Karoline Leavitt, sa porte-parole, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche.
Lundi, M. Trump a par ailleurs promis à plusieurs pays, dont le Japon et la Corée du Sud, d’imposer une surtaxe de 25 % sur leurs produits à l’entrée sur le sol américain. Une nouvelle étape dans son offensive bouleversant les échanges économiques internationaux. Les droits de douane additionnels seront imposés « à partir du 1er août », a écrit M. Trump dans des lettres quasi identiques adressées à plusieurs capitales, et publiées sur sa plateforme Truth Social.
S’il met ses menaces à exécution, les produits du Japon seront frappés d’une surtaxe de 25 % (contre 24 % annoncés en avril), comme ceux de Corée du Sud, du Kazakhstan et de Malaisie. La surtaxe sera plus lourde pour l’Afrique du Sud (30 %), mais surtout pour le Laos et la Birmanie (40 % tous les deux). Les courriers soulignent que si des biens sont estampillés en provenance de ces pays mais proviennent en réalité d’un autre, une surtaxe « plus élevée » s’appliquera, sans que le montant soit donné. Il est aussi assuré que toute riposte sera sanctionnée par une surtaxe additionnelle de même ampleur.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, M. Trump a fait des droits de douane un axe central de sa politique économique : un levier de négociation pour obtenir des concessions de l’extérieur, un moyen de défendre l’industrie nationale ou encore une source de nouvelles recettes publiques. Détestant l’idée que les Etats-Unis aient des déficits commerciaux, il menace ainsi, depuis avril, des dizaines de partenaires commerciaux de droits de douane punitifs pour rééquilibrer les échanges.
Il a déjà instauré une surtaxe plancher de 10 % sur la plupart des produits entrant aux Etats-Unis et mis en place des droits de douane spécifiques pour certains secteurs (50 % pour l’acier et l’aluminium, 25 % pour l’automobile).
M. Trump avait annoncé qu’il enverrait lundi une première série de 12 à 15 lettres à autant de partenaires commerciaux, mentionnant la surtaxe qu’il compte mettre en place sur leurs produits. Il s’agissait pour lui de maintenir la pression à l’approche de l’échéance précédente du 9 juillet qu’il avait lui-même fixée pour l’entrée en vigueur de ses droits de douane punitifs. Son ministre des finances, Scott Bessent, avait toutefois annoncé pendant le week-end que ces droits de douane additionnels (prévus pour atteindre jusqu’à 50 %) ne seraient pas collectés avant le 1er août.
Lundi, M. Bessent a assuré sur la chaîne de télévision CNBC que « plusieurs accords » seraient annoncés « dans les prochaines quarante-huit heures ». « Ma messagerie était pleine de nouvelles propositions [des partenaires commerciaux des Etats-Unis] hier soir », a-t-il ajouté, tout en affirmant que « le président Trump s’attachait à la qualité des accords, pas à la quantité ».
L’Union européenne (UE) a rapporté lundi qu’un « bon échange » téléphonique s’était tenu la veille entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et M. Trump. L’Indonésie a annoncé qu’elle allait signer un accord pour importer au moins 1 million de tonnes de blé américain par an durant les cinq prochaines années, pour un montant de 1,25 milliard de dollars (soit environ 1,07 milliard d’euros).
« Je suis heureux des progrès qu’on a obtenus parce que tous les pays avec lesquels on a un gros déficit [commercial] sont pleinement engagés » dans les négociations, a affirmé lundi sur CNBC l’architecte de l’offensive douanière américaine et conseiller de M. Trump, Peter Navarro. Les « difficultés » viennent selon lui du fait que « ces pays ont beaucoup de mal à abandonner les avantages qu’ils ont par rapport [aux Etats-Unis] ».
Le 2 juillet, M. Trump a annoncé un accord avec Hanoï, présenté comme favorable aux intérêts américains : une surtaxe de 20 % sur les produits vietnamiens (au lieu des 46 % agités en avril) entrant aux Etats-Unis, et « zéro » droit de douane sur les biens américains vendus au Vietnam.
Le président américain a par ailleurs menacé dimanche d’une surtaxe supplémentaire de 10 % les BRICS (Brésil, Chine, Inde, Russie et Afrique du Sud), réunis à Rio de Janeiro, qui ont critiqué son offensive douanière. Les BRICS ne veulent pas d’un « empereur », a protesté lundi le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva.