Une ancienne ministre malienne de l’économie et des finances, Bouaré Fily Sissoko a été condamnée mardi 8 juillet à dix ans de prison ferme dans une affaire d’achats d’équipements militaires et d’un avion présidentiel en 2014, survenu lors du mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta.
Absent du procès l’ex-ministre et ancien vice-président de la Banque ouest-africaine de développement, Moustapha Ben Barka, a quant à lui été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité.
Plusieurs officiers ont également reçu un jugement, dont le colonnel-major Nouhoun Dabitao, condamné à sept ans de prison « pour faux et usage de faux dans des marchés d’équipements militaires », selon un document officiel de la cour d’assises de Bamako.
Outre ces peines d’emprisonnement, cinq accusés, dont Bouaré Fily Sissoko et Moustapha Ben Barka, doivent verser de façon solidaire à l’Etat du Mali 40 milliards de francs CFA (environ 60 millions d’euros). Le colonel-major Nouhoun Dabitao a été condamné à payer 2 milliards de francs CFA à l’Etat.
En 2014, le Mali s’était vu sanctionner par des institutions financières pour l’achat d’un avion présidentiel estimé à l’époque à près de 40 millions de dollars (environ 34 millions d’euros) et de matériel militaire à une société malienne, tous deux sans appel d’offres. Conséquence : le gel pendant six mois des décaissements du Fonds monétaire international.
Le montant des irrégularités supposées avait ensuite varié en fonction des sources. « C’est une peine disproportionnée. Ma cliente paye pour les autres, notamment avec les morts », a réagi mardi à l’issue du verdict Me Tounkara Dianguina, avocat de Fily Sissoko. Il a indiqué qu’il allait « rapidement » introduire un pourvoi en cassation.
Par ailleurs, l’ancien premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga – ministre de la défense au moment des faits – avait été placé en détention en 2021, dans le cadre de cette affaire pour des accusations de « faux », « corruption », « favoritisme » et « trafic d’influence ». Il est décédé en prison en mars 2023 après avoir clamé son innocence dans la presse. Ses partisans avaient accusé la junte de l’avoir laissé mourir en détention.