Ecrire l’histoire d’une conquête idéologique menée par un pouvoir autoritaire comme celui d’Octave (63 av. J.-C.-14) ? décrété « Empereur César, fils du Divin, Auguste » par le Sénat en 27 av. J.-C. ? constitue un sérieux défi. En effet, si les sources littéraires, souvent de parti pris, ne manquent pas, il est bien difficile de mesurer l’efficacité véritable des mythes forgés par le pouvoir au-delà du cercle des lettrés, très restreint dans l’Antiquité.
Le relever constitue l’un des grands mérites d’Auguste, somme proposée par l’historien Gilles Sauron, professeur émérite d’archéologie romaine à Sorbonne Université, malicieusement sous-titrée L’emprise des signes, clin d’œil au livre de Roland Barthes sur un autre empire, le Japon (L’Empire de signes, Skira, 1970). Faute de sondages et d’enquêtes sociologiques, Gilles Sauron propose de jauger le système de la propagande augustéenne à l’aide des traces architecturales de la période. Les théâtres à front de scène ornés à sa gloire, comme à Orange (on en répertorie environ 140 sur le seul territoire français), promus par le fils adoptif de César, furent ainsi l’un des instruments majeurs de la mythologie impériale.