Au Festival d’Avignon, les « Affaires familiales » s’incarnent sur le plateau d’Emilie Rousset

La loi est un sujet sérieux et le spectacle écrit et mis en scène par Emilie Rousset ne le traite pas avec désinvolture. Rigueur du propos, gravité des faits, acuité des combats : de la PMA à la GPA, de la protection des mineurs victimes d’incestes ou d’enlèvements à celle des femmes qui subissent des viols conjugaux, du mariage pour tous à l’adoption d’enfants par les couples homosexuels, le droit de la famille ne s’arrête pas aux portes des chambres à coucher. Autant de cas soulevés par cette représentation qui, bien qu’un peu trop longue, frappe les esprits par l’intelligence de sa conception et la finesse de son interprétation. Emilie Rousset n’a pas pour objectif de distraire le public. Elle fait le pari d’une radicalité qui peut passer pour une sévérité. Risqué mais payant.

Convoqués à tour de rôle sur les ondulations d’un podium blanc déposé au centre de l’espace bifrontal (une scénographie en forme de vague épurée imaginée par Nadia Lauro), sept comédiens interprètent les argumentaires d’avocates spécialisées en droit de la famille. Ces professionnelles ont été interviewées, caméra à l’appui, par Emilie Rousset. On ne connaît pas leurs noms. Peu importe puisque le spectacle pointe l’évidence : les luttes qu’elles incarnent sont majeures, leurs entêtements exemplaires et leurs stratégies fascinantes. A chacune sa tactique, ses rigidités, ses souplesses ; la loi devenant, entre leurs mains, un outil à manier avec art. Elles œuvrent loin des regards. Leurs bureaux croulent sous les dossiers. Elles ont beau être le plus souvent anonymes, ce sont bel et bien elles qui font progresser les libertés.

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