Cette illustration n’a pas vocation à restituer fidèlement la complexité de la réalité observée sur la ligne de front ukrainienne, réalité variée selon les lieux et en constante évolution ; elle propose davantage une mise en perspective schématique, permettant de contextualiser, de manière synthétique, la diversité des appareils, des situations et des modes opératoires.

La présence des drones continue de s'intensifier sur le champ de bataille ukrainien, mais aussi de se complexifier. C'est l'arme centrale de cette guerre, qui redéfinit la manière de défendre, d'attaquer, de surveiller et de viser l'adversaire. De part et d'autre du front, 90 % des pertes humaines sont dues aux frappes de drone. De nouveaux types d'appareils sont apparus et se spécialisent : la chasse aux autres drones, des frappes ultraprécises sur les canons adverses (le canon étant la pièce la plus difficile à réaliser pour l'industrie de défense russe). Les deux fonctions principales du drone d'attaque consistent à foncer sur la cible (le drone FPV) ou à bombarder à l'aide de munitions embarquées. L'intelligence artificielle permet déjà des attaques autonomes, en « nuée », et facilite l'identification de la cible. La portée des drones d'attaque ne cesse de s'allonger, pour atteindre plusieurs dizaines de kilomètres. On commence à voir des « drones mères » portant plusieurs drones, en doublant ou en triplant donc la portée. Avec pour conséquence l'élargissement de la « zone de mort » de chaque côté du front, où tout mouvement est immédiatement repéré et frappé, compliquant les assauts, la défense et la logistique, sur des dizaines de kilomètres. Quitter ou rejoindre une position, se ravitailler ou évacuer les blessés, devient extrêmement dangereux. Des experts militaires prédisent que la « zone de mort » va continuer de s'agrandir jusqu'à atteindre 100 kilomètres de large.

En posture défensive, les Ukrainiens sont soumis à une pluie de drones FPV. L’usage massif de drones à câble optique par les Russes a rendu inopérants les brouilleurs utilisés pour neutraliser les engins pilotés par radio. Contre ces drones câblés, qui retransmettent une image de haute qualité, il faut se protéger derrière des filets et, en dernier ressort, utiliser un fusil à grenaille pour abattre la munition rôdeuse. Fortifications, artillerie et tranchées se couvrent systématiquement de filets de camouflage. Pour réduire les pertes liées aux déplacements, les Ukrainiens développent très rapidement les drones terrestres, chargés de pallier les difficultés logistiques : ils ravitaillent les positions, évacuent les blessés. Egalement offensifs, ils posent des mines, voire effectuent des missions kamikazes sur les positions adverses.

On les surnomme les « dragons » du XXIe siècle, en référence à l'histoire militaire des soldats se déplaçant à cheval, mais combattant à pied. Depuis l'automne 2024, l'infanterie russe a perfectionné une nouvelle tactique d'assaut qui consiste à se rapprocher à grande vitesse des positions ukrainiennes à moto tout-terrain. Il s'agit d'une contre-mesure à l'usage massif de drones par la défense ukrainienne.

Ces deux dernières années, les drones ont détruit une grande partie du parc des blindés russes, lequel était jusque-là le moyen de transport privilégié pour mener l’infanterie à l’assaut. Les drones ont rendu l’approche des positions de défense extrêmement dangereuse pour tout déplacement (mécanisé ou non, et quelle que soit l’épaisseur du blindage) sur le champ de bataille. Les Russes ont découvert que la vitesse et la manœuvrabilité des motos tout-terrain les rendent plus difficiles à percuter que de grosses cibles lentes, comme les blindés. Les défenseurs ukrainiens ont moins de temps pour réagir aux assauts, une fois qu’ils sont détectés.

La structure typique d'un groupe d'assaut à moto se compose généralement de six à huit motos, avec un à deux soldats par véhicule. Une fois parvenus à portée de tir de la position ukrainienne visée, les motards délaissent leur engin pour démarrer l'attaque proprement dite, souvent sur deux ou trois flancs.

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